Au micro de Sputnik Afrique, Harouna Ismail Lebaye, président de la Fédération libre de pêche artisanale, explique pourquoi ce n'est pas dans l'intérêt de l'Union européenne que la Mauritanie développe ses capacités de pêche. Selon lui, la Mauritanie devrait être en mesure d'avoir de grands bateaux, de promouvoir la pêche artisanale et côtière, et de pouvoir exploiter ses ressources elle-même. M. Lebaye déplore également qu'il y ait parfois des accidents entre les bateaux de l'Union européenne et les pirogues de pêche artisanale, accidents qui entraînent malheureusement des décès.
"Nous avons un potentiel, mais ce que les européens pêchent, nous, on le sait pas. Parce que les Européens refusent de débarquer au niveau de la Mauritanie, et tu ne peux pas venir contrôler un bateau qui a 300 à 400 tonnes ou un bateau qui a 2.000-3.000 tonnes dans son stockage, on ne peut pas savoir tout ce qu'il y a dedans".
De son côté, Moussa Houssein Thiam, vice-président de la Fédération nationale de la pêche artisanale, a exprimé également des préoccupations majeures concernant l'impact des flottes de bateaux étrangers sur la pêche en Mauritanie. Selon lui, les pêcheurs artisans peinent à subvenir à leurs besoins. Ils rencontrent de nombreuses difficultés, et si la situation ne s'améliore pas, ils risquent de vivre ce calvaire pendant longtemps.
"Les pêcheurs artisanaux, ils sont hostiles à la présence de ces bateaux gigantesques donc qui opèrent dans des zones économiques exclusives mauritaniennes".
M. Thiam souligne que ces flottes extrairaient une quantité considérable de poissons et de produits de la mer, exportant ainsi d'importantes ressources hors du pays. En échange, les retombées pour la Mauritanie sont dérisoires, ce qui constitue une perte financière significative pour la nation. Le vice-président insiste sur le fait que cette exploitation excessive contribue à la dégradation des ressources maritimes, entraînant la raréfaction de certaines espèces et exacerbant les problèmes de pollution marine.
"Des pêcheurs qui sont faibles financièrement, qui sont faibles vraiment au niveau de leurs embarcations, donc ils sont pas tellement forts. Donc en partant en mer, ils sont confrontés à des conflits avec des grands bateaux qui souvent cohabitent avec eux dans certaines zones et donc dégradent leur matériel et qu'ils se retrouvent ici avec des difficultés à se ressaisir et à refaire du matériel, à aller pêcher".
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