Marché en main

Jacques Sapir: "Les pays occidentaux devront nécessairement s'entendre avec les BRICS"

Le sommet de Kazan, "point culminant de la présidence russe" des BRICS, selon les mots du président Poutine, a réuni les neuf pays membres du groupe pour renforcer davantage leurs liens et proposer des alternatives. Les BRICS sont-ils en train de forger un nouvel ordre international? Jacques Sapir revient sur cet événement majeur.
Sputnik
Sur les ondes de Sputnik Afrique, Jacques Sapir, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), professeur à l’École de guerre économique et membre de l’Académie des sciences de Russie à titre étranger, revient sur le sommet des BRICS qui s’est tenu dans la ville russe de Kazan, sur le poids du groupe dans les affaires du monde et analyse le sens des décisions et déclarations des pays membres du groupe.

"Le poids des BRICS dans l'ordre mondial est d'abord un poids essentiellement économique. Ils sont aujourd'hui au-dessus du G7. […] Ensuite, les BRICS sont devenus aussi un instrument de politique internationale, pas seulement d'économie et de finances", rappelle d’abord le directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. "Le fait que les BRICS soient reconnus comme des sortes de porte-parole des intérêts des ex-pays du tiers monde, ce qu'on appelle maintenant le Grand Sud ou le Sud global, est aussi le signe, le témoignage que les BRICS ont acquis un poids politique majeur dans les relations internationales".

"Il est clair que, désormais, les pays occidentaux ne sont plus les seuls capables d'agir dans le monde et surtout, ils ne sont plus capables d'imposer leur loi. S'ils veulent faire avancer un certain nombre de projets, ils devront nécessairement s'entendre avec les BRICS. C'est un point absolument fondamental", affirme M. Sapir. "On ne peut pas exclure que certains pays occidentaux, sinon tous, décident de négocier avec les BRICS et décident de construire des institutions post Bretton Woods."

Cette rencontre du monde émergent à Kazan démontre également que Moscou est loin d’être seul. Le professeur d’économie explique que "l’isolement de la Russie, c'est un thème de propagande occidentale. Alors oui, c'est vrai que la Russie a de très mauvaises relations avec les pays de l'Union européenne et avec les États-Unis du fait de la guerre en Ukraine. Mais voilà, l'Union européenne et les États-Unis, c'est très loin de représenter l'ensemble du monde. Et cela, il faudrait que la presse occidentale l'admette, et d'abord le comprenne. Je pense que c'est plus un problème de compréhension pour les journalistes, et après cela sera un problème pour admettre cette nouvelle réalité."

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