Afrique en marche

Ceux qui accusent "la Russie d’user du blé comme soft power sont dans leur délire habituel"

"Ces sanctions ont été d’un très grand bénéfice aussi bien pour le secteur agricole que bancaire russe", affirme à Afrique en marche Hélène Clément-Pitiot, économiste française, chercheuse au Centre d'étude des modes d'industrialisation de EGE, à Paris. Selon elle, cela explique la performance de la Russie dans le commerce de blé.
Sputnik
"On voit bien que les céréales, en particulier le blé, sont devenus un actif spéculatif au même titre que les produits énergétiques, comme le pétrole et le gaz, et s'inscrivent ainsi dans un jeu de la finance mondiale et des plateformes de trading", affirme à Radio Sputnik Afrique Hélène Clément-Pitiot, économiste française, chercheuse au Centre d'étude des modes d'industrialisation de l'École de Guerre Économique (EGE), à Paris.
Et d’ajouter que "depuis quelques années, et en particulier depuis le début de l’Opération spéciale militaire russe en Ukraine, en février 2022, nous assistons à des changements profonds dans le marché international des céréales, notamment du blé, induits par les quantités importantes mises dans les circuits par la Russie. En effet, durant les saisons 2023-2024, c’est quasiment 25% des exportations de blé dans le monde qui sont venus de Russie. Et ce malgré les sanctions occidentales imposées à la Russie depuis 2014, auxquelles viennent s’ajouter celles décrétées depuis février 2022".
En réalité, selon Hélène Clément-Pitiot, "ces sanctions ont été d’un très grand bénéfice aussi bien pour le secteur agricole que bancaire russe, étant donné que les banques occidentales étaient exclues des échanges internationaux concernant le blé. Le fait est que ce qui se passait avant sous le contrôle des marchés financiers a été remplacé par des contrats bilatéraux, comme ceux exécutés avec les pays d’Afrique du Nord, dont l’Algérie et l’Égypte".

Dans le même sens, l’interlocutrice de Afrique en marche rappelle qu’"en plus de ces changements intervenus dans le marché international, la Russie a également donné gratuitement des dizaines de milliers de tonnes de blé à plusieurs pays dans le besoin, notamment africains. Ceux qui accusent, parmi les pays occidentaux, la Russie d’user du blé comme un moyen de soft power géopolitique sont tout simplement dans leur délire habituel, ne voyant pas qu’il s’agit avant tout de nourrir les gens".

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