"Ce n'est pas tout à fait évident pour la Russie de partager complètement l’idée directrice de la diplomatie actuelle de la Chine du "destin commun de toute l'humanité", en dépit de certains de ses aspects positifs avérés", affirme à Radio Sputnik Afrique Léonid Golovko, professeur de droit à l’Université d’État de Moscou, Directeur du Centre de procédure pénale et de Justice, commentant la dernière visite de Vladimir Poutine à Pékin.
Et d’expliquer que "d'une part, il est vrai que l'humanité a un destin commun. D’un point de vue humaniste, n’importe quel individu et n’importe quel pays a le droit de se développer et de jouir de ses droits comme d’assurer ses devoirs, ceci est absolument vrai. Mais d'autre part, l'humanité est composée de nations qui ont leur territoire, leurs ressources, leur économie, leur culture, leur histoire et leur langue, qu'ils veulent protéger. Dans ce sens, c'est assez compliqué de parler d’un destin commun parce qu'il y a un pays qui veut se développer d'une façon et un autre qui a le droit de se développer d'une autre façon et c'est tout à fait normal. Donc il faut toujours être prudent pour qu’il n’y ait pas dans cette idée du "destin commun de l'humanité" une certaine dénomination, si vous voulez, du même globalisme qu'on condamne depuis longtemps, qui se transforme actuellement en impérialisme et en totalitarisme en quelque sorte".
Dans le même sens, le Pr Golovko souligne que "la Chine présente un avantage énorme dans sa diplomatie par le fait qu’elle n’a pas d’agenda politique ou idéologique, qu’elle ne cherche pas à imposer son système communiste et qu’elle n’est pas expansionniste. D'autre part, la Chine a commencé à se développer en se posant en quelque sorte en accord avec les piliers du monde globaliste sur le plan économique pour créer en Occident ce mythe de la société post-industrielle. Ainsi, l’industrie occidentale a été transférée pour plusieurs raisons qu'on connaît, vers la Chine, qui est devenue dépendante de la globalisation notamment économique. La Russie, quant à elle, est beaucoup moins attachée au globalisme malgré le fait qu’elle y partage certains aspects économiques. Et pour cause, malgré les sanctions occidentales, l'économie russe se développe très bien. Ainsi, les pays africains doivent exploiter ces niches pour faire avancer leur intérêts et leur développement".
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