L’Algérie, l’Iran, l’Oman et les Emirats arabes ont annoncé qu’ils prolongeraient la réduction de leur production de pétrole jusqu'en juin. Leur objectif principal est "maintenir les prix actuels du brut", a expliqué à Sputnik l'économiste algérien Abdurrahman Iya.
À son avis, ces pays se sentent aujourd’hui assez à l’aise financièrement, car ils reçoivent des revenus stables en devises fortes.
"On peut dire qu’ils pourraient profiter de ces coupes de production. Mais, cela pourrait également susciter des craintes accrues sur le marché mondial de l’énergie, avec des réductions susceptibles d’avoir un impact sur les prix à long terme", a indiqué l’économiste.
D’ailleurs, cette décision ne devrait pas provoquer de choc sur le marché pétrolier, malgré la situation géopolitique instable dans le monde.
"Même le conflit en Ukraine n’a fait qu’entraîner une modification des routes d’approvisionnement en pétrole, mais la situation globale n’a pas changé. Les conflits se poursuivent, mais les pays dotés de grandes réserves d’énergie se sont-ils appauvris? Définitivement pas. C’est l’escalade du conflit palestino-israélien qui a influencé dans une certaine mesure les plus grands exportateurs", a-t-il déclaré.
Les réductions de production des pays arabes ne devraient donc pas avoir "de conséquences négatives à long terme". En plus, les gros producteurs de brut comme la Russie et l’Arabie saoudite ont des ententes bilatérales appelées à éviter des brusques changements de prix, a poursuivi l’expert.
Néanmoins, la présidentielle américaine pourrait amener à une fluctuation des prix, le pétrole étant utilisé par certains producteurs comme une "arme stratégique". Les États-Unis pourraient notamment changer leur politique, surtout à l’égard de leurs alliés dans le Golfe, après la présidentielle.
Brouille américano-saoudienne
La question pétrolière avait créé de graves tensions entre Washington et Ryad, l'été dernier. L'Arabie saoudite avait refusé de revenir sur ses réductions de production, dans un contexte de sanctions prises contre la Russie. Une constance qui avait entraîné la colère du Président américain Joe Biden, lequel avait promis des "conséquences" à la partie saoudienne.
De nombreux observateurs avaient déjà noté que les sanctions contre le pétrole russe n'avaient pas porté leur fruit, en particulier l'imposition d'un plafond à 60 dollars par baril imposé par l'UE et le G7. La Russie a continué à fournir ses partenaires chinois et indiens, augmentant ses exportations.
Plus ironique encore: les États-Unis ont dernièrement repris leur achat de pétrole russe, malgré les sanctions censées touchées les importations, selon des données du service statistique américain analysées par Sputnik.