Afrique en marche

Russie-Afrique: "zones de libre-échange, des leviers pour tirer vers le haut les pays du Sahel"

Dans cette émission de L’Afrique en marche, Abdelkader Soufi et Adama Diabaté, géopolitologues respectivement algérien et malien, exposent, dans le contexte mondial actuel, les opportunités de développement contenues dans la proposition russe de créer des zones de libre-échange avec les pays africains et comment les saisir.
Sputnik
Le Dr Abdelkader Soufi, enseignant-chercheur en géopolitique et politiques de Défense à l’université de Blida II, en Algérie, affirme à L’Afrique en marche que "les peuples algérien et malien sont des peuples liés par l’histoire, notamment de l’indépendance nationale du colonialisme français, et le sang, et sont condamnés à le rester pour toujours. Il y a lieu de poser courageusement les questions qui fâchent et de s’assoir fraternellement autour d’une table pour les résoudre tout en voyant grand, très grand, le dessein commun de toute la région de l’Afrique du Nord et du Sahel".

Selon le Dr Soufi, "l’Occident colonialiste n’a plus les moyens de sa politique de domination qui a duré 500 ans, avant que la Russie n’y mette fin avec le lancement de son Opération spéciale militaire en Ukraine, en février 2022. Sur le plan économique et technologique, la Chine, l’Inde et l’Iran sont également en train d’enterrer la suprématie occidentale, notamment US. À ce titre, les événements à Gaza et dans le détroit de Bab El Mandeb, sur la mer Rouge, sont édifiants. Dans le contexte de l’émergence de cette nouvelle architecture mondiale sous le leadership sino-russe, l’Afrique est devenue un des centres de gravité du monde qui auront leur mot à dire dans les prochaines décennies".

"Les pays de l’Afrique du Nord, dont l’Algérie, la Libye et l’Égypte peuvent avoir un grand dessein géopolitique, économique, scientifique, technologique, agricole, industriel et militaire dans le cadre de la nouvelle architecture multilatérale mondiale en formation sous le leadership de la Russie et de la Chine, mais encore faut-il que les dirigeants de ces pays sachent saisir rapidement et efficacement cette opportunité", affirme à Radio Sputnik Afrique le géopolitologue malien Adama Diabaté. Et de poursuivre que "ces grands pays nord-africains ont une lourde responsabilité envers leurs frères du Sahel, qui ont besoin de leur soutien sincère et actif pour s’arrimer à cette locomotive de développement des pays du Sud, qui prend de plus en plus forme avec l’aide de la Chine, de la Russie et demain de l’Inde, de l’Iran et du Brésil".

C’est dans ce sens, indique-t-il, qu’il "faudrait voir l’initiative de la Russie, qui nous aide déjà beaucoup sur le plan sécuritaire, concernant la création de zones de libre-échange avec l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte et d’autres pays africains. Ces zones peuvent servir de leviers importants pour tirer vers le haut les pays du Sahel comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, membres de l’Alliance des États du Sahel ayant quitté dernièrement la CEDEAO, le bras du néocolonialisme en Afrique de l’ouest. À ceci s’ajoute l’initiative algérienne de création de zones franches frontalières avec le Mali, le Niger, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye, et l’idée d’une monnaie commune entre les pays de l’AES. Le tout forme un ensemble cohérent qu’il ne faudrait sous aucun prétexte polluer avec des embrouilles bilatérales, comme celle ayant secoué les relations entre l’Algérie et le Mali".

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