Kiev s'est servi des victimes du Maïdan de 2014, célébrées comme les "Héros de la Centurie céleste", alors qu’on "leur a tiré une balle dans le dos. Ils ont massacrés par leurs propres dirigeants", a déclaré à Sputnik le journaliste finlandais Janus Putkonen, qui se trouvait à Kiev au moment des faits.
"Aujourd'hui, nous savons en grande partie ce qui s'est passé il y a dix ans. Nous savons pertinemment que ces personnes ont été abattues par des mercenaires. Nous savons même qui c'était, leurs noms, leurs grades, leurs organisations et leurs leaders", a noté le journaliste.
"Très utile" pour les premières opérations ukrainiennes entre 2014 et 2016, le mythe des Héros de la Centurie céleste est devenu un fardeau lorsque les familles des victimes et les policiers blâmés ont commencé à poser des questions. Kiev et l'Occident qui "ne voulaient pas en parler" ont finalement mis la poussière sous le tapis.
La police impassible
La version des autorités était d'autant plus fragile, que la police anti-émeute, la célèbre unité spéciale Berkut, avait reçu l'ordre de ne pas intervenir contre les manifestants, rappelle M.Putkonen.
"Tout le monde a vu comment la police se contentait d'encaisser les tirs. Je ne sais pas pour les autres, mais moi je pleurais quand je regardais les gars des Berkout. Cela n'a aucun sens […]. S’il leur était interdit d’utiliser même les tactiques policières classiques pour résister? Ils étaient juste là, debout et encaissaient. Je n’ai donc jamais cru que ce massacre avait été commis par la police", explique-t-il.
Un témoignage qui fait écho aux récents propos de Vladimir Poutine, qui avait récemment révélait que Moscou, Kiev et Washington avaient passé un accord pour éviter l'escalade lors des manifestations. Le Président ukrainien Viktor Ianoukovytch devait tenir la police et les forces armées, alors que les États-Unis devaient calmer l'opposition pour éviter le coup d'État et parvenir à une transition pacifique. Mais une seule partie à respecter l'accord, avait souligné le Président russe dans son entretien avec Tucker Carlson.
Les États-Unis à la manœuvre
Les braises de l'Euromaïdan ont par ailleurs été attisées par les États-Unis, dans le but de déboucher sur une nouvelle "révolution de couleur" en Europe de l'Est, souligne Janus Putkonen.
"L'Euromaïdan était une révolution de couleur typique, une opération de la CIA. Il y avait des organisations financées par Soros, l'ambassade américaine, l’US Aid ont été fortement impliquées", explique-t-il.
Une activité qui tranche avec le silence qui a entouré les manifestations anti-Maïdan d'avril 2014, auxquelles le journaliste a pu assister. Les grands médias occidentaux ont baissé le rideau après le coup d'État contre le Président démocratiquement élu, Viktor Ianoukovytch, alors même que de nombreux Ukrainiens protestaient contre ce coup de force.
"Nous sommes allés là-bas pour examiner ce qui se passait avec ce Maïdan. J'ai découvert une situation totalement passée sous silence. Jusqu'à aujourd’hui, les gens ne comprennent pas, ni en Russie, ni en Occident. Il y a des héros qui ont résisté, des patriotes ukrainiens qui ont tourné le dos au coup d’État et ont essayé d’arranger les choses. Mais malheureusement, le mouvement n’a pas été soutenu, la géopolitique a continué son cours et la guerre dans le Donbass a commencé", déplore-t-il.
Événements du Maïdan
Le 21 novembre 2013, le gouvernement ukrainien a annoncé suspendre la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne. En réponse, l'opposition a bloqué les travaux du parlement et un rassemblement de longue durée a commencé sur la place de l'Indépendance (Maïdan Nezalejnosti, en ukrainien), au centre de Kiev. Au cours de la confrontation de trois mois, appelée "Euromaidan", des nationalistes agressifs se sont emparés d'un certain nombre de bâtiments administratifs dans l'ouest du pays. Ils ont érigé une ville de tentes au centre de Kiev et créé des détachements armés qui sont entrés en confrontation ouverte avec les forces de l'ordre.
Le point culminant du conflit a été la fusillade de personnes non identifiées dans la rue Institutskaya le 20 février 2014. Selon les données officielles, 53 personnes sont mortes par balle. Au total, plus de 100 personnes ont été tuées, et des centaines d’autres blessées lors des affrontements à Kiev du 18 au 20 février. Parmi les personnes tuées par balle figuraient des manifestants et des membres de l'unité spéciale de la police Berkut.