Derrière ce phénomène se cache "l'appétit de certaines puissances moyennes ou grandes" qui entretiennent "certains groupes violents extrémistes" pour tirer bénéfice des richesses présentes dans ces zones, explique l’ancien ambassadeur et conseiller diplomatique de trois Présidents de la République du Mali.
Dans les régions possédant des ressources, "on voit souvent la prolifération de groupes violents qui s'y installent, comme pour permettre ensuite à des puissances étrangères, soit par leurs sociétés, par leurs trusts ou par les grandes entreprises, de pouvoir venir s'installer et exploiter cela sans que les populations puissent en bénéficier", dit-il.
Pour lui, il s’agit d’"une autre tactique de recolonisation qui se fait à partir de nos ressources".
Effort commun pour lutter contre les foyers d’instabilité
Pour lutter de manière efficace contre la menace terroriste, il est important de rassembler les efforts, insiste l’expert.
Il rappelle que l'Alliance des États du Sahel est venue pour"répondre à ce défi" et que les succès ont été au rendez-vous avec notamment la reprise de Kidal.
"L'Alliance des États du Sahel [...] est une alliance militaire efficiente dans la mesure où l’on mutualise nos forces pour pouvoir faire face au danger djihadiste, et pas seulement, des bandits de tout acabit, parce qu'il n'y a pas que des djihadistes, il y a aussi les bandits, les trafiquants", souligne l’ancien diplomate.
Partenariats stratégiques
Dans le même temps, les pays africains concernés par les mouvements extrémistes se tournent vers une assistance extérieure, notamment celle de la Russie qui apporte son expertise et fournit du matériel.
"On a eu beaucoup de missions diplomatiques de haut niveau et même des missions militaires. Le ministre [malien] de la Défense, Sadio Camara, se rend régulièrement en Russie pour cela, pour renforcer notre dispositif de défense aussi bien en matériel qu'en formation militaire", explique l’analyste.
Par ailleurs, Birahim Soumaré indique que les membres de l’Alliance du Sahel sont ouverts à une coopération militaire avec d’autres pays, comme la Turquie ou l’Iran.
"Il est très important que nous puissions, avec des pays avec qui nous avons une coopération stratégique, pouvoir avancer et défendre nos droits. Et c’est ça qui va nous permettre maintenant d’éradiquer d’une façon définitive cette histoire de djihadisme", conclut-il.
Sources de la menace terroriste
Le phénomène du terrorisme est "extrêmement complexe" et a des origines "multiples", poursuit M.Soumaré.
"Il y a des problèmes de famine, des problèmes d'insécurité, des problèmes de gouvernance, c'est un magma de circonstances qui peuvent entraîner et même susciter ce genre de discours intolérants et violents", détaille-t-il.
M.Soumaré souligne que "ce n'est pas spécifique à une religion et ce n'est pas spécifique à une ethnie".
"C'est quelque chose qui traverse carrément le corps social. Et si on n'y prend pas garde, c'est quelque chose qui est appelé à détruire le tissu social", alerte-t-il.
Face à des discours teintés d’intolérance, la prévention est très importante. Celle-ci doit passer par l’"équilibrage des relations économiques", ainsi que par "une participation plus démocratique, plus décentralisée dans la gestion du pouvoir", ajoute l’expert.