"Nous constatons que l’Allemagne a emprunté une voie différente en matière d’interaction avec son passé. Encore une fois, comme il y a 80 ans, dans les actions du Berlin officiel, les individus sont divisés selon leur nationalité, cela est porté à un nouveau niveau, plus sophistiqué", a indiqué la responsable en commentant l’intention de Berlin de s’opposer à la plainte déposée par l’Afrique du Sud.
Selon elle, "l’Allemagne a apparemment de nouveau oublié que l’Holocauste est la persécution et l'extermination massive de représentants de divers groupes ethniques et sociaux par les nazis".
Une position qui fait fi de l’indignation globale
Berlin devrait plutôt prendre en considération "la colère collective du monde entier, surtout des pays du Sud global, envers la punition des Palestiniens de la bande de Gaza", a souligné Mme Zakharova.
Elle a rappelé que l’initiative de Berlin a déjà été condamnée au plus haut niveau et notamment par le Président namibien. Le chef d’État africain a appelé à revenir sur cette décision, a indiqué la responsable.
"L'Allemagne n'a pas encore expié les crimes contre l'humanité qu'elle a commis en Afrique. Il s'agit des événements de 1904-1908, au cours desquels l'administration coloniale dans le Sud-Ouest africain allemand a exterminé des dizaines de milliers de Hereros et Namas. En Namibie, ces événements sont considérés comme un acte de génocide à l'encontre de la population indigène du pays", a rappelé Maria Zakharova.
Sonnette d’alarme
La porte-parole a qualifié l’attitude des dirigeants allemands d’"inacceptable, immorale et illégale". Elle a pointé du doigt la recrudescence du militarisme allemand qui s’accompagne de l'approbation des pratiques néonazies.
"Cette tendance pourrait avoir des conséquences extrêmement graves pour le destin de l'Allemagne elle-même, ainsi que pour l'Europe et le monde, compte tenu de l'expérience historique controversée de ce pays", a-t-elle conclu.
Procès initié par Pretoria
Pour rappel, fin décembre, l’Afrique du Sud a sollicité la Cour internationale de justice en déposant une requête contre Israël qu’elle accuse d’"actes de génocide" à Gaza. La session inaugurale sur cette plainte s’est tenue le 11 janvier.
De son côté, le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que l'action en justice de l'Afrique du Sud ne reposait sur aucune base factuelle et a accusé Pretoria de collaborer avec des "terroristes".
Le gouvernement allemand a rejeté "fermement et explicitement l'accusation de génocide portée contre Israël" la jugeant "dénuée de tout fondement". Il interviendra en tant que tierce partie à La Haye.
Le 16 janvier le ministère des Affaires étrangères du Nicaragua a adressé une lettre à Tel Aviv, l’appelant à cesser les actions contre les Palestiniens. La diplomatie de ce pays centraméricain se réserve le droit de recourir à son tour à la Cour internationale de justice.