Cancers, malformations: un vétéran américain raconte les horreurs dues à l’uranium appauvri

Les armes à uranium appauvri utilisées en Ukraine ont déjà fait de lourds dégâts dans d’autres conflits, comme en Irak, ou même sur les sites de recherche aux États-Unis, explique à Sputnik un vétéran de l’US Air Force.
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Alors que Washington a livré à Kiev des lots de munitions à uranium appauvri, les effets de cette substance sur le corps humain interrogent plus que jamais. Damacio A. Lopez, vétéran de l’US Air Force, explique à Sputnik que sa famille a subi un calvaire après avoir vécu dans une zone d’essais nucléaires, au Nouveau-Mexique.
"J'ai un frère qui est penché quand il parle. Même s’il a 10 ans de moins que moi, quelque chose ne va pas avec sa colonne vertébrale. Son corps est en quelque sorte renversé. Quand il vous regarde, il ressemble à une tortue […] Mon père a fini par mourir d'un cancer", déclare-t-il ainsi.

Musée des horreurs en Irak

Damacio A. Lopez s’est par la suite intéressé de près aux effets de l’uranium appauvri, créant la Coalition internationale pour interdire les armes à l’uranium (ICBUW). Il a été invité en Irak, pour constater les ravages faits par cet armement par les États-Unis, lors de la Première guerre du Golfe.
"Je parle de malformations congénitales très graves. Pouvez-vous imaginer entrer dans un endroit et voir un enfant avec un œil au milieu du front? Ce n'est même plus humain. J’ai rencontré ce petit garçon […] Il avait la peau sur les os. Il avait trois ans, ne devait pas peser plus de 9 kilos. Sa tête était énorme, ses jambes toutes petites. Sa mère le tenait et essuyait le sang de sa bouche. J’ai quitté l’hôpital en larmes", explique-t-il ainsi.
Le vétéran américain a effectué des mesures durant son séjour en Irak, pour vérifier la radioactivité des armes à uranium appauvri. Son compteur Geiger, qui bat notamment entre 5 et 60 coups par minutes, s’est complétement affolé au contact de restes de munitions américaines, alertant sur de potentielles contaminations radioactives.
"Il y avait une exposition dans l'un des centres de Bagdad. Un grand bâtiment où ils avaient ramassé tous les restes d’armes qu'ils avaient trouvés. L'une d’entre elles était intacte aux trois quarts. Un missile de croisière Tomahawk. J’avais mon détecteur et je l'ai vérifié. Il y avait environ une centaine de coups par minute, ce qui indiquait qu'il y avait des radiations à l'intérieur du missile", déclare ainsi le chercheur.
Damacio Lopez souligne que le Pentagone était au courant de la dangerosité de l’uranium appauvri dès les années 1990, comme le prouve des notes internes du ministère américain de la Défense divulguées dans la presse.
Pourtant, Washington n’a jamais admis publiquement que ces armes pouvaient conduire à des maladies cancérigènes, des malformations congénitales et à la contamination de l’environnement. Le ministère de la Défense a même mis en place une "diplomatie de l’uranium appauvri" pour rassurer la communauté internationale, ironise Damacio Lopez.
Les erreurs de l’Irak semblent désormais se répéter en Ukraine et le même silence règne autour de l’uranium appauvri. Damacio Lopez pointent notamment du doigt la désinvolture de Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), affirmant qu’il n’y aurait "aucune conséquence radiologique significative" à l’usage d’uranium appauvri en Ukraine.
"Il fait partie de l'équipe qui promeut ce projet, qui promeut l'utilisation de ces armes. Il fait partie intégrante des superpuissances qui l'utilisent et qui trouvent des excuses et tentent de convaincre le public que ce n'est pas un problème", déplore ainsi le vétéran.
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