Le projet de résolution d'urgence demandant des réparations aux pays africains sera présenté à la commission du développement du Parlement européen ce 7 décembre par Pierrette Herzberger-Fofana, eurodéputée allemande représentant l'Alliance libre européenne des Verts, a relaté le journal britannique le Guardian.
"Une meilleure compréhension des racines du racisme européen favoriserait une 'compréhension plus nuancée des questions migratoires'", a-t-elle déclaré, toujours citée par le média.
Selon elle, les manuels scolaires à travers l'Europe devaient être révisés pour donner aux écoliers une meilleure compréhension de la traite des esclaves et du colonialisme.
L'Union européenne (UE) devrait d'urgence traiter et inverser les effets durables du colonialisme européen et soutenir un programme de réparations pour rectifier les injustices persistantes, selon un projet de résolution qui sera présenté à la commission du développement du Parlement européen.
Le projet de résolution
Le projet de résolution note que "de nombreuses anciennes colonies européennes, y compris dans les Caraïbes, en Afrique et en Amérique latine souffrent encore socialement, économiquement et écologiquement de l'héritage du colonialisme, de l'esclavage, de l'apartheid et du génocide".
De même, il établit un lien clair entre la justice climatique et les réparations pour l'esclavage, affirmant que les pays développés et colonisateurs ont "contribué le plus aux émissions de gaz à effet de serre, au réchauffement de la planète, à la crise climatique et à la dégradation de l'environnement", tandis que "les pays en développement subissent davantage leurs effets négatifs".
Il n'y a pas de détails sur la forme que devrait prendre la justice réparatrice, mais la résolution demande à la Commission européenne de commander et de publier un rapport sur la manière dont l'UE peut "mieux reconnaître et traiter les histoires et les héritages du colonialisme européen".
Cette présentation marque la première tentative formelle de faire figurer les réparations pour l'esclavage et le colonialisme à l'ordre du jour de l'Union européenne.
Un monde colonisé par l'Europe?
Aucune période historique n'a été aussi importante que celle de l'abolition de l'esclavage, estime Michael McEachrane, rapporteur du forum permanent des Nations unies sur les personnes d'ascendance africaine, qui a participé à l'organisation d'un événement par la Commission et le parlement européens pour commémorer l'abolition de l'esclavage.
"Aucune période historique n'a eu un effet aussi profond sur le façonnement du monde et de ses ordres sociaux et internationaux que 500 ans de colonialisme et d'impérialisme européens... Dans les années 1930, près de 90% du monde avait été colonisé par des pays européens. Considérez comment cela a façonné la relation largement extractive des pays développés avec les pays en développement", a souligné M.McEachrane cité par le Guardian.
"Les pays en développement, qui représentent 80% de la population mondiale, ont le moins contribué à l'escalade rapide des crises climatiques et environnementales, mais en subissent le plus les conséquences", a-t-il ajouté.
Une reconnaissance sans réparation?
Au début de l'année, l'UE avait publié une déclaration commune avec les dirigeants de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), reconnaissant que le passé esclavagiste de l'Europe avait infligé des "souffrances indicibles" à des millions de personnes et suggérant la nécessité de réparations pour ce qu'elle décrit comme un "crime contre l'humanité", a noté le Guardian.
Cette déclaration reconnaît que "l'esclavage et la traite des esclaves, y compris la traite transatlantique, ont été des tragédies épouvantables dans l'histoire de l'humanité, non seulement en raison de leur barbarie odieuse, mais aussi de leur ampleur".