Double langage. Le Président américain Joe Biden tient deux discours bien différents sur l’Ukraine et sur la bande de Gaza, qui traduisent une hostilité à l’égard de la Russie, a expliqué à Sputnik Joe Siracusa, politologue de l’Université Curtin.
Le locataire de la Maison-Blanche a en effet été prompt à dégainer des accusations de crimes de guerre contre l’armée russe, mais s’est fait beaucoup plus discret durant l’opération israélienne sur Gaza, souligne l’expert.
"Il accuse le Président Poutine de crimes de guerre, mais lorsqu'il s'agit d'Israël, où Benyamin Netanyahu commet effectivement des crimes de guerre, il n’y a aucun commentaire de sa part. Il néglige la mort de milliers de Palestiniens, dont des milliers de femmes et d’enfants. Il y a donc deux poids, deux mesures", déclare-t-il ainsi.
Logiciel issu de la Guerre Froide
Si Joe Biden s’investit autant sur le conflit ukrainien, allant jusqu’à écrire lui-même une tribune dans le Washington Post ce 18 novembre, c’est qu’il est un homme issu de la guerre froide, analyse encore Joe Siracusa. Même après la chute de l’Union soviétique, il a toujours gardé la Russie dans son viseur. Les mêmes logiques issues du passé dictent d’ailleurs son attitude vis-à-vis de Pékin.
"Il faut bien comprendre que Biden, âgé de 81 ans ce lundi, avait des affaires inachevées avec la Russie après la guerre froide. Depuis que le pays est sorti de l’empire soviétique, il a toujours voulu en finir avec lui. Il verse dans la russophobie et agit de même avec la Chine car il a été câblé par la guerre froide", explique ainsi le politologue.
Joe Biden est également prisonnier d’un establishment politique, qui dicte la politique étrangère américaine depuis des années, souligne Joe Siracusa. Une élite politique qui a déjà impliqué les États-Unis dans la guerre du Vietnam, d’Irak ou d’Afghanistan. Cet establishment est en outre très lié au complexe militaro-industriel américain.
De fait, Washington s’est investi dans un nouveau conflit en Ukraine, puisqu’il livre des armes, des avions et des munitions pour tuer des soldats russes, ce qui peut à minima s’interpréter comme une "guerre par procuration", selon l’expert.
Ce 18 novembre, Joe Biden avait écrit une tribune dans le Washington Post, déclarant que les États-Unis étaient "la nation essentielle", sur laquelle le "monde compte pour résoudre les problèmes de notre époque". Dans ce texte, il s’était par ailleurs félicité une nouvelle fois des livraisons d’armes américaines à Kiev et avait proposé une solution de deux États pour régler la crise israélo-palestinienne.