L'UNESCO a proclamé le 14 novembre Journée internationale de la lutte contre le trafic illicite des biens culturels. S’il y a plusieurs voies qui ont permis le pillage de biens culturels africains, leur restitution impose un débat, indique à Sputnik Afrique Biah Cocou Bertin Calixte, conservateur du musée d’Histoire de Ouidah au Bénin.
"Un nombre important, plus de la moitié des biens culturels africains pillés se retrouvent dans les pays occidentaux", lance-t-il.
Les "voyages de découverte", la colonisation par "un bon nombre de pays" européens, ainsi que des achats illicites sont les moyens les plus récurrents du trafic illégal de ces objets, selon lui. Dans ce contexte, la question de la restitution est complexe.
Il y a des objets qui peuvent rentrer dans le cadre d'une coopération de circulation de biens culturels, mais "tout n'est pas à restituer et c'est un débat qui est ouvert".
"La restitution, c'est une question qui est permanente et ça dépend d'un pays à un autre pays colonisateur. Il revient à chaque pays de penser, de gérer et de diriger ce phénomène de restitution", souligne l'expert.
De plus, ce n'est pas seulement un problème entre l’Occident et l’Afrique, ce phénomène a également une dimension intra-africaine.
"Succès énorme"
En novembre 2021, Biah Cocou Bertin Calixte a supervisé la restitution de 26 œuvres pillées par les troupes coloniales françaises dans les palais royaux d’Abomey en 1892.
Il a convoyé ces objets du musée du Quai Branly à Paris jusqu'à la capitale économique béninoise Cotonou. Là, une exposition à la présidence de la République a été montée, et elle "a eu un succès énorme".
"C'est au vu de ce succès que je me dis que cette question de restitution a rencontré une cohésion, une adhésion totale au niveau de la République du Bénin", indique l’expert.
Masque colonial gabonais
La France est actuellement face à l’affaire d’un rarissime masque du XIXe siècle, apanage d'une société secrète du peuple Fang au Gabon.
Le Gabon demande sa restitution, l’artéfact se trouvant en France depuis le début du XXe siècle. Pour cela, il faut annuler la vente de cet objet aux enchères à Montpellier. En mars 2022, il a été adjugé pour 4,2 millions d'euros. De plus, un couple de retraités français veut également l’annulation de cette vente, car auparavant ils avaient vendu cet objet à un brocanteur pour 150 euros sans réaliser sa vraie valeur.
Initialement, le masque a été collecté en 1917 par le gouverneur colonial René-Victor Edward Maurice Fournier (1873-1931), probablement lors d'une tournée au Gabon. Selon les conclusions des spécialistes, il a été fabriqué au XIXe siècle par un artisan du peuple Fang pour être utilisé par les sorciers.