Eau, électricité, frontières: "la situation empire dans la bande de Gaza", selon des habitants

Les Gazaouis tentent de faire face à l’adversité dans la bande de Gaza, alors que l’accès à l’eau et l’électricité se fait plus rare, ont raconté des habitants à Sputnik. Certains responsables appellent à l’ouverture des frontières avec les pays arabes voisins.
Sputnik
Question de survie. Au beau milieu des hostilités, les habitants de Gaza essaient de survivre en parant au plus pressé. Entre manque d’eau, d’électricité et de soins, la situation semble empirer de jour en jour, ont déploré plusieurs Gazaouis à Sputnik.
Les files d’attente s’allongent notamment aux abords des usines de dessalement d’eau de mer. Les habitants cherchent à s’approvisionner, alors que l’aide humanitaire a de plus en plus de mal à pénétrer dans l’enclave palestinienne.
L’Onu ne parvient plus à alimenter les écoles gérées par l'UNRWA (Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), explique Muhammad Hasan, qui a déménagé avec sa famille depuis le nord de Gaza jusqu'à la ville de Khan Younès, dans le sud.
"Cela fait 20 jours que nous souffrons d’une pénurie d’eau. La situation est devenue critique ces trois derniers jours, lorsqu'ils ont arrêté de livrer de l'eau aux écoles de l'UNRWA. Ils m'ont dit que je pouvais avoir de l'eau ici. Je souhaite collecter 10 litres pour ma famille. J’ai fait la queue pendant 2 heures, je ne sais pas combien de temps je vais rester debout", déclare-t-il ainsi.
Scène dans la bande de Gaza
Faute d’électricité, les pompes des puits ont cessé de fonctionner. Les usines de dessalement sont partiellement opérationnelles, mais les habitants sont parfois forcés de couper de l’eau douce avec de l’eau salée pour obtenir des quantités suffisantes, comme l’explique Fadi Ibraheem, qui a fait la queue pendant une heure et demie à un point de distribution.
"La situation empire chaque jour. Aujourd’hui, sans eau, c’est devenu tout simplement insupportable. Chaque jour, c’est un défi d’obtenir 10 à 12 litres par famille. Il faut mélanger l’eau douce et l’eau salée pour survivre", affirme-t-il.

Le compte-gouttes aux frontières

Autre point de tension dans l’enclave: les postes-frontière. Alors que plusieurs pays, comme l’Égypte, rechignent à accueillir des réfugiés palestiniens, les évacuations ont lieu au compte-gouttes, en particulier pour les ressortissants étrangers ou certains blessés sévères, déclare à Sputnik Hicham Adwan, représentant de l'Autorité des passages et frontières de Gaza.
"Hier, sur 526 personnes possédant un double passeport, 345 ont franchi le poste de contrôle ; d’autres doivent franchir la frontière aujourd'hui. Il y a différentes nationalités: des gens avec un passeport jordanien, un passeport américain […] Quant aux blessés, on a pu transporter hier 76 patients vers l'Égypte; plusieurs autres dans un état grave ont dû être rapatriés vers les hôpitaux de Gaza", explique-t-il ainsi.
Le Caire et Gaza travaillent donc ensemble au cas par cas pour évacuer les personnes concernés. Mais Hicham Adwan souhaiterait que l’Égypte s’investisse plus et ouvre "le passage de Rafah de manière permanente, compte tenu de la situation catastrophique que connaît la bande de Gaza".

Entre Washington et Moscou

Plus que la position de l’Égypte, c’est celle des États-Unis qui semble agacer dans les hautes sphères palestiniennes. Le soutien de Joe Biden au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a notamment du mal à passer chez certains cadres comme Mohamad Shalaldah, ministre de la Justice. La position russe, plus équilibrée, semble trouver plus d’échos côté palestinien.
"Il est inacceptable que le monde soit gouverné par un seul pays, comme c’est le cas actuellement avec les États-Unis. Désormais, ils dirigent le destin des peuples, en particulier celui du peuple palestinien. Ils tolèrent la discrimination raciale […] La Russie soutient toujours les droits des peuples et utilise son veto au nom de la paix, de la sécurité, de l'application de la Charte des Nations unies", affirme ainsi Mohamad Shalaldah.
Une délégation du Hamas s’était déjà rendue à Moscou fin octobre, en vue de trouver une issue au conflit. Elle n’avait pas rencontré Vladimir Poutine mais le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. Moscou a déjà annoncé plusieurs fois sa position sur les hostilités en cours, appelant à un cessez-le-feu et à libérer des couloirs pour acheminer de l’aide humanitaire.
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