Ni l'Onu ni la France n’ont pas le droit de "choisir qui est légitime" pour diriger le Niger

Sylvain Itté puis Louise Aubin. L’ambassadeur de France et la coordonnatrice de l’Onu ont été priés de quitter le Niger. Ces décisions de Niamey devraient laisser comprendre à Paris et à l’Onu qu’ils ne peuvent pas désigner le dirigeant légitime du Niger à la place de son peuple, a estimé à Sputnik Afrique l'activiste nigérien Ibrahim Namaiwa.
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"Il n'appartient ni à l'Onu ni à la France de choisir qui est légitime pour être à la tête de l'État du Niger ou qui ne l'est pas. C'est au peuple nigérien de donner la légitimité et la légalité", a déclaré à Sputnik Afrique Ibrahim Namaiwa, consultant indépendant, activiste de la société civile nigérienne, membre du Mouvement pour la promotion de la citoyenneté responsable (MPCR).
Il a ainsi commenté la décision de Niamey de donner un délai de 72 heures à la coordonnatrice des Nations unies, Louise Aubin, pour quitter le Niger suite aux "manœuvres sournoises" que le secrétaire général de l'Onu continue d'orchestrer, "sous l'instigation de la France", pour contrarier la participation du Niger aux réunions onusiennes.
"Notre ministre des Affaires étrangères, légalement et légitimement désigné pour prendre part au nom du Niger, s'est vu refuser d'accéder à la tribune des Nations unies par Antonio Guterres, qui s'est livré à ces manœuvres pour faire plaisir à la France officielle", a-t-il indiqué.
Selon lui, le gouvernement français est "dans une logique de vouloir considérer que les nouvelles autorités nigériennes ne sont pas légitimes". Et M.Guterres "n'a pas voulu comprendre la situation du Niger" et "a préféré exécuter les injonctions d'Emmanuel Macron, qui est son ami". "C'est inadmissible!" s'indigne M.Namaiwa.
Le MPCR a alors "demandé aux autorités de prendre des sanctions", en expulsant l'ambassadrice résidente du pays des Nations unies au Niger "en représailles, en application du principe de la réciprocité".

Les États-Unis, des "partenaires inutiles"

"Et c'est la même leçon que nous voulons aussi administrer aux États-Unis d'Amérique, s'ils n'ont pas compris ça", a-t-il ajouté. "Nous savons très bien que les États-Unis n'ont jamais été de bons partenaires là où les intérêts de la France seraient menacés", a encore martelé le militant.
Il s'est félicité du fait que le Niger est parvenu à expulser également l'ambassadeur français du Niger et "à faire partir tous les soldats français de [son] territoire du fait de leur mauvais comportement qui consiste à saper notre combat". "Aujourd'hui, l'histoire vient de nous donner raison."
Considérant "que ce qui s'est passé dans notre pays était un coup d'État", les États-Unis ont suspendu leur aide financière. "Nous ne sommes pas surpris", réagit l'activiste.
Malgré cela et "malgré toutes les sanctions auxquelles nous faisons face", "le peuple nigérien va tenir" car il vit "dans un monde multipolaire […] et […] en parfaite collaboration avec les peuples frères", assure-t-il.
Par conséquent, "la logique voudrait qu'on suspende aussi sa coopération militaire et rapatrie ses soldats au niveau des États-Unis", a-t-il poursuivi, qualifiant ces derniers de "partenaires inutiles". Et de rappeler qu'une des grandes bases américaines en Afrique est installée à Agadez, au Niger. La présence des militaires américains "n'arrange rien à la situation des Nigériens". Elle n'a jamais empêché "des tueries, des attaques, des tueries en masse dont la population était victime", selon lui.

Deux cas semblables mais différents

L'ambassadeur de France Sylvain Itté n’a quitté le pays qu’après un véritable blocus de l’ambassade française. Mais le Niger n'a "aucun doute que Louise Aubin va quitter notre pays en respectant les 72 heures qui lui ont été données", indique le responsable. Comme "il s'agit d'une décision souveraine d'un État indépendant", "il n'y a pas de raison de tergiverser".
Les Africains ont changé depuis les années 1980 et 1990, assure Ibrahim Namaiwa. "Aujourd'hui, nous traitons d'égal à égal avec les États, avec les institutions internationales", a-t-il souligné.
"C'est révolu, ces actes, ces pratiques esclavagistes, ces pratiques coloniales et néocoloniales, tout ça c'est fini. Si on ne respecte pas notre peuple, on n'est pas digne de rester avec nous, de rester dans notre pays", conclut-il.
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