Les mains liées. Le Soudan du Sud déplore que l’embargo sur les armes décidé par l’Onu en 2018 n’ait toujours pas été levé. Ces restrictions empêchent en effet les forces gouvernementales de s’armer pour protéger la population et la paix civile, a expliqué à Sputnik James Pitia Morgan, ministre des Affaires étrangères.
"L'embargo a rendu très difficiles l’obtention d’armes et leur distribution aux soldats de l'armée nationale. Mais ils ne peuvent pas protéger la paix en utilisant des bâtons. Ils doivent protéger la paix en recevant des armes à feu et pouvoir garantir l'intégrité territoriale du Soudan du Sud", a-t-il ainsi déclaré.
La priorité pour le Soudan du Sud est désormais la levée de ces sanctions, décidées dans le cadre du conflit ayant opposé les partisans du Président Salva Kiir à ceux du vice-Président Riek Machar. Le pays a d’ailleurs condamné une nouvelle fois ces restrictions lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies.
Le Soudan du Sud "apprécie toujours la position des dirigeants russes" sur le sujet, souligne par ailleurs James Pitia Morgan, alors que Moscou s’oppose depuis longtemps à cet embargo onusien.
Élections et conflit au Nord
La difficulté à se procurer des armes est particulièrement handicapante alors que des échéances électorales importantes approchent. Pour éviter les tensions et permettre au vote de se dérouler sans accroc, les forces soudanaises doivent en effet être correctement équipées, a souligné James Pitia Morgan. Des élections présidentielles sont notamment prévues en décembre 2024.
"Ces forces sont nécessaires pour protéger les élections et assurer leur tenue dans un environnement pacifique et propice, qui permettra à chaque citoyen de participer pleinement", a ainsi expliqué le chef de la diplomatie sud-soudanaise.
Des forces armées et équipées sont en outre nécessaires pour contrôler les frontières, au vu de la guerre qui agite le Soudan, le voisin du nord. Le Soudan du Sud craint en particulier l’infiltration d’agitateurs qui créeraient des troubles internes.
"Il a une guerre au cours au Soudan, chez nos voisins du nord. Mais on a le sentiment de voir ce conflit déborder, puisque nos frontières sont maintenant poreuses et qu’il n’y a aucune force de sécurité pour les protéger. Cela peut également permettre à certains mauvais éléments de s'infiltrer au Soudan du Sud ce qui pourrait causer des problèmes", souligne James Pitia Morgan.
En avril, un conflit armé a en effet éclaté entre l'armée soudanaise et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR). La capitale, Khartoum, a été le théâtre de violents affrontements. Le siège social de la Greater Nile Petroleum Operating Company, principal gratte-ciel de la ville, avait même été réduit en cendres mi-septembre.