Le Haut-Karabakh cessera d’exister à partir de 2024, selon un décret du président de la région

Zone de litige entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie depuis 1988, le Haut-Karabakh sera finalement intégré à l’Azerbaïdjan le 1er janvier 2024. Annoncée dans un décret signé par le président de cette région disputée, cette décision vise à "protéger la sécurité et les intérêts de la population de la région".
Sputnik
Après un regain d’hostilités en septembre, le Haut-Karabakh cessera d’exister à partir du 1er janvier 2024, d’après un décret signé par le président de la région qui avait ultérieurement et unilatéralement proclamé son indépendance début 1990.
Enclavé en Azerbaïdjan, ce territoire est à l’origine de beaucoup de discordes entre ce pays et l’Arménie depuis plus de 30 ans. En octobre dernier, le chef du gouvernement arménien avait par ailleurs fait part de sa disposition à reconnaître la souveraineté de Bakou sur le Haut-Karabakh.
"Une décision a été prise, notamment celle de dissoudre toutes les institutions publiques, ainsi que les organisations sous leur autorité d’ici le 1er janvier 2024. La république du Haut Karabakh cesse d’exister", indique le document signé par le dirigeant Samvel Chakhramanian, cité par l’agence d’information de la république.
Ce choix est fondé sur la priorité d’assurer la sécurité physique et les intérêts vitaux de la population de la région, et en conformité avec l’accord conclu avec l’Azerbaïdjan obtenu grâce à la médiation des soldats de paix russes, précise le décret.
Conformément à ce texte, tous les habitants du Haut-Karabakh, y compris les militaires ayant déposés les armes, bénéficient d'un passage libre, volontaire et sans entrave le long du couloir de Latchine.
La population du Haut-Karabakh, y compris celle se trouvant hors de ses frontières, est invitée à se familiariser avec les nouvelles conditions de réintégration que l'Azerbaïdjan offrira, afin d’appréhender de manière indépendante la future possibilité de pouvoir rester ou non dans la région.
Le décret entre en vigueur immédiatement après sa publication.

Nouvelles tensions

Le 19 septembre, la Défense azerbaïdjanaise avait annoncé le lancement d’une "opération antiterroriste" dans le Haut-Karabakh. Les actions visaient à "restaurer l'ordre constitutionnel de la République d'Azerbaïdjan" a affirmé Bakou tout en précisant que les civils et les infrastructures publiques n’étaient pas des cibles. Cependant, certaines victimes civiles ont été constatées, tout comme parmi les militaires.
À Erevan, l'incident avait été considéré comme une agression, soulignant l’absence d'unités arméniennes au Karabakh. Moscou a de son côté appelé les parties concernées à cesser le feu immédiatement et à revenir à la mise en œuvre des accords tripartites de novembre 2020.
Le lendemain, grâce à la médiation des soldats du maintien de la paix russes, Bakou et Stepanakert, capitale du Haut-Karabakh, sont parvenus à un accord sur un cessez-le-feu. L'une des conditions de la trêve était le désarmement des forces arméniennes et le retrait des équipements lourds de la région.
Le 21 septembre, dans la ville azerbaïdjanaise d'Evlakh, a eu lieu une réunion des représentants Arméniens du Karabakh avec la délégation azerbaïdjanaise, consacrée à l'intégration de la région dans la république. Le lendemain, le ministère russe de la Défense avait annoncé que les formations armées du Karabakh avaient commencé à rendre des armes et du matériel militaire sous le contrôle des soldats de maintien de la paix.
Au matin du 28 septembre, plus de 65.000 personnes avaient déjà quitté le Haut-Karabakh.

Conflit de longue date

L’Azerbaïdjan et l’Arménie se disputent la région du Haut-Karabakh à majorité arménienne depuis 1988, lorsque ce dernier a proclamé unilatéralement son indépendance par rapport à la république socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. La première guerre a éclaté entre 1992 et 1994, alors que la deuxième est survenue entre septembre et novembre 2020. D’autres hostilités militaires d’une intensité plus faible se sont déroulées sporadiquement.
Le 9 novembre 2022, Bakou et Erevan, avec la médiation de Moscou, ont trouvé un accord sur un cessez-le-feu complet et sur le déploiement d’un contingent russe dans la zone du conflit. En outre, les régions de Kelbadjar d'Agdam et de Lachin ont été cédées à Bakou.
Toujours la même année, l’Arménie et l’Azerbaïdjan avec la médiation de la Russie, des États-Unis et de l'Union européenne (UE), ont commencé les discutions d'un éventuel futur traité de paix. Lors d’une rencontre des parties à Prague, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a fait une déclaration dans laquelle il définissait le statut du cette région en tant que territoire azerbaïdjanais.

Région cédée par Erevan

Fin mai de 2023, Nikol Pachinian avait déclaré que l’Arménie était prête à reconnaître la souveraineté de l'Azerbaïdjan à l'intérieur des frontières soviétiques. Plus précisément, il s'agit du territoire du Haut-Karabakh d'une superficie de 86.600 kilomètres carrés.
De son côté, le dirigeant azerbaïdjanais Ilham Aliyev avait indiqué que l'Azerbaïdjan et l'Arménie pourraient signer un traité de paix d'ici la fin de l'année si Erevan ne changeait pas de position.
Avant cette entente, la mission des soldats pour le maintien de la paix russes était définie dans l’accord tripartite en une surveillance de la trêve. Après que Paсhinian ait reconnu le Haut-Karabakhcomme territoire azerbaïdjanais, le statut de ces soldats est par conséquent devenu beaucoup plus incertains.
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