Bamako reste aux aguets. Alors que le spectre d’une intervention armée plane toujours sur le Niger, le Mali continue de s’y opposer. En déployant des forces au Niger, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) mettrait en péril la stabilité dans toute la région, a ainsi averti à l’Onu Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne.
Le ministre a fait le parallèle avec l’intervention de l’Otan en Libye en 2011, qui avait eu lieu avec l’aval de l’Onu. Une opération qui a semé le chaos dans le pays et provoqué "l’expansion du terrorisme" au Sahel, a rappelé le responsable, incitant à ne pas répéter les erreurs du passé.
"Le Mali reste fortement opposé à toute intervention militaire de la CEDEAO, qui aurait des conséquences désastreuses pour le Niger comme pour l’ensemble de la région. Toute intervention militaire au Niger – j’allais dire toute agression, toute invasion – constitue une menace directe pour la paix et la sécurité du Mali. Nous ne resterons pas les bras croisés", a-t-il ainsi déclaré devant les Nations unies.
Abdoulaye Diop a en outre dénoncé les sanctions prises par la CEDEAO contre le Niger, parlant de restrictions "injustes, illégales et inhumaines". Ces répressions semblent d’ailleurs alarmer jusqu’au sein de l’Onu, puisque le chef de l'aide humanitaire des Nations unies, Martin Griffiths, a demandé leur allégement à la CEDEAO, comme l’a rappelé Abdoulaye Diop.
Intervention décriée
L’idée d’une intervention de la CEDEAO au Niger avait germé après la mise sur la touche du Président Mohamed Bazoum. De nombreux pays africains avaient alors manifesté leur opposition à toute action armée. Le Mali et le Burkina Faso avaient notamment déclaré qu’ils considéreraient une intervention comme une "déclaration de guerre" à leur encontre. Le Niger avait d’ailleurs répondu qu’il autoriserait ces deux pays à intervenir "en cas d'agression" sur son sol.
Plus au Nord, Alger avait également mis en garde contre une action de la CEDEAO. Le Président Abdelmadjid Tebboune avait déclaré qu’une intervention serait "une menace pour l’Algérie", les deux pays partageant plus de 1.000 kilomètres de frontière.
Au Niger même, des voix se sont élevées pour décourager la CEDEAO de mettre ses projets à exécution. L’ancien dirigeant Mahamadou Issoufou (2011-2021) avait ainsi expliqué qu’une intervention serait "une faute" et entrainerait des "conséquences humaines et matérielles incalculables".
Plus éloquent encore: le parti du Président déchu, Mohamed Bazoum, s’est lui aussi opposé à une action armée. Le PNDS Tarayya avait notamment souligné qu’une telle opération aurait des risques de s’enliser et de "s’étaler dans le temps", au détriment des populations.