"La greffe n’a pas pris": l’Afrique souffre du modèle imposé par l’Occident

L’Occident a voulu exporter en Afrique un modèle qui n’est pas adapté à ses réalités, a déclaré Mamadi Doumbouya à l'Assemblée générale des Nations unies. Le Président guinéen a aussi invité la CEDEAO à ne plus s’immiscer dans les affaires politiques et à se recentrer sur sa mission économique.
Sputnik
Pas une réussite. L’Afrique n’a jamais pu exprimer pleinement son potentiel, car elle a été freinée par le modèle de gouvernance que lui a imposé l’Occident, a affirmé le Président de la Transition de Guinée, Mamadi Doumbouya, à l'Assemblée générale de l’Onu.
Le dirigeant a notamment fustigé le Sommet France-Afrique de La Baule, organisé en 1990, au cours duquel le Président français d’alors, François Mitterrand, avait lié le développement économique africain à une nécessaire démocratisation.
"L’Afrique souffre d’un modèle de gouvernance qui lui a été imposé. Un modèle certes bon et efficace pour l’Occident qui l’a conçu au fil de son histoire, mais qui a du mal à s’adapter à nos réalités, à nos coutumes, à notre environnement. Hélas, la greffe n’a pas pris [… ] Ce modèle démocratique que vous nous avez si insidieusement et savamment imposé après le sommet de La Baule en France, ne marche pas", a ainsi expliqué Mamadi Doumbouya à la tribune de l’Onu.
Le responsable a encore tenté d’expliquer les divers bouleversements politiques qui ont récemment secoué le continent. Il a souligné que la faute en incombait avant tout aux dirigeants corrompus, prêts à tout pour garder les rênes du pouvoir.
"Le putschiste n’est pas seulement celui qui prend les armes pour renverser un régime. Les vrais putschistes, les plus nombreux, qui ne font l’objet d’aucune condamnation, ce sont ceux qui manigancent, qui utilisent la fourberie, qui trichent pour manipuler les textes de la Constitution afin de se maintenir éternellement au pouvoir", a-t-il ainsi déclaré.

La CEDEAO doit rester à sa place

Mamadi Doumbouya a par ailleurs adressé une pique à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui s’est impliquée dans les affaires politiques du continent ces derniers temps. L’organisation avait notamment lancé l’idée d’une intervention militaire au Niger, suite à la mise sur la touche du Président Mohammed Bazoum.
Des ingérences politiques qui n’ont pas lieu d’être, selon Mamadi Doumbouya, qui a appelé la CEDEAO à se recentrer sur ses missions économiques et à prôner l’apaisement.
"La CEDEAO, dont la vocation était économique, doit cesser de se mêler de politique et privilégier le dialogue", a-t-il ainsi déclaré à la tribune de l’Onu.
Le dirigeant guinéen a enfin souligné que la jeunesse africaine n’avait pas connu les années de Guerre froide et qu’elle était désormais "totalement décomplexée" et souhaitait "prendre son destin en main".
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