La nouvelle Alliance des États du Sahel (AES) va permettre au Mali, au Niger et au Burkina Faso d’acquérir plus rapidement la souveraineté et de lutter contre le terrorisme, a estimé auprès de Sputnik Afrique Fousseynou Ouattara, vice-président de la commission de la défense et de la sécurité du Conseil de transition au Mali.
Demandée depuis très longtemps, cette union pourrait "accélérer le chemin de la souveraineté" de ces trois pays sahéliens, a-t-il avancé. Dans ce sens, il est à prendre en compte que ces États disposent du Liptako-Gourma, une région "très convoitée par la France et plusieurs pays occidentaux à cause des richesses enfouies dans les sous-sols de cette zone", a noté le responsable malien.
Lutte contre le terrorisme
Selon M.Ouattara, l’AES aura un grand impact dans le rétablissement de la paix, car les pays étaient exploités pour déstabiliser la région.
"C’est [Liptako-Gourma, ndlr] une zone de déstabilisation de trois Républiques et se donnant la main, ça va nous permettre non seulement de sécuriser notre pays, de mettre fin au terrorisme et encore d’accélérer les efforts communs de développement", a indiqué Fousseynou Ouattara.
Il a rappelé que les terroristes qui venaient"faire des forfaitures au Mali, couraient se cacher soit au Burkina Faso ou bien au Niger".
"Et inversement, c'était la même chose: des terroristes qui commettaient des forfaitures au Burkina Faso, souvent trouvaient refuge au Mali. Donc quand les trois Républiques vont se donner la main, c'est sûr que nous pourrons bien sécuriser cette zone", a-t-il souligné.
Vers la fin d’une CEDEAO guidée par Macron?
En outre, la création de l’AES annonce déjà la fin de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a suggéré le vice-président de la commission de la défense malienne.
"Cette alliance, déjà, ça sonne le glas pour la CEDEAO. Ça peut amener à l'éclatement de la CEDEAO", a-t-il dit.
Pour M.Ouattara, les têtes chaudes au niveau de la CEDEAO qui incitent à intervenir militairement au Niger agissent aux ordres du Président français:
"Sans Macron, je ne pense même pas qu'il aurait eu l'idée d'attaquer le Niger".
Éventuel élargissement
D’autres pays épris de souveraineté, peuvent également rejoindre à l’Alliance, en conformité avec l’article 11 de sa Charte, poursuit M.Ouattara. C’est une manière de dire aux uns et aux autres de venir se joindre aux trois pays pour créer une nouvelle Union qui sera libre et qui ne sera plus sous une quelconque tutelle, a-t-il expliqué.
"C’est un appel à tous les pays de l'Afrique de l'Ouest de se ressaisir, surtout les dirigeants, car la CEDEAO a failli à ses fondamentaux. Maintenant, il faut mettre en place une nouvelle organisation. Et cette nouvelle organisation voilà, les bases sont déjà lancées", a insisté le responsable malien.
Commentant la proposition du premier ministre burkinabé sur la création d’une "fédération souple" entre son pays et le Mali, Fousseynou Ouattara a noté que "les habitants de ces trois pays se trouvent "déjà" dans une telle "fédération souple et élargie":
"Cela est une constatation de la réalité de la part du Premier ministre burkinabé que ce qui est pour le développement du Mali du Burkina le chemin qui peut mener à un développement qui va porter au-devant de la scène internationale, c'est la fédération".
Pays qui accordent leur soutien
Revenant sur le soutien international de cette région africaine, M.Ouattara a tenu à remercier la Russie qui grâce à son veto à l’Onu, a permis au Mali, au Burkina et au Niger d’avoir du temps pour se préparer.
"Aujourd’hui, nous comptons beaucoup sur les puissances qui sont des puissances qui ont le souci des intérêts des peuples telles que la Russie, telles que la Chine, telles la Turquie, telles que l'Iran. Mais notre grand soutien ici, c'est surtout la Russie sur qui nous comptons beaucoup", a-t-il conclu.
La Charte Liptako-Gourma instituant l’Alliance des États du Sahel (AES) a pour objectif d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle au bénéfice des populations du Mali, Burkina et Niger. Elle a été signée le 16 septembre par les chefs d’État des trois pays.