Les plus grands exercices de l'Otan depuis la guerre froide seront "un élément de soutien aux actions de Kiev", qui visent à accroître la pression sur la Russie sur ses frontières ouest, a déclaré à Sputnik Alexandre Bartoсh, membre correspondant de l'Académie des sciences militaires.
"Les exercices [de l’Otan, ndlr] visent traditionnellement à alimenter les tensions militaires en Europe et, dans ce cas, ils sont considérés comme un élément de soutien aux actions de Kiev. Si, à ce stade, Kiev ne capitule pas finalement [...], ces exercices viseront à accroître la pression sur les forces russes tout au long du périmètre des frontières occidentales, de la mer Noire à l'océan Arctique", a indiqué l'expert.
Il a ajouté que dans le contexte de la récente détérioration des relations de la Russie avec les États baltes et la Suède, leur participation aux prochains exercices militaires dans l'alliance n'est pas surprenante.
Percer le système de défense russe
En évaluant le nombre de tâches aériennes annoncées, l'exercice à grande échelle Steadfast Defender (Défenseur indéfectible) prévu en 2024 par les États membres de l'Otan est censé permettre aux pays de l'Alliance de s'entraîner à une opération conjointe visant à supprimer et à surmonter la défense aérienne à échelons de la Russie, a pour sa part expliqué à Sputnik, un autre expert militaire russe:
"Ces 500 à 700 tâches planifiées par l'Otan dans le cadre de l'exercice "Steady Defender" sont dues au fait que, d'après les résultats des combats aériens dans le ciel de l'Ukraine, l'Occident n'a pas encore reçu d'algorithme pour résoudre la question de la maîtrise et de la suppression du système de défense aérienne échelonné. Les survols de drones isolés ne comptent pas parce qu'ils ne causent pas de dommages significatifs aux installations militaires, mais nous permettent seulement d'identifier des lacunes individuelles dans notre défense", a souligné Alexeï Leonkov.
Selon lui, vaincre le système de défense aérienne russe reste une question clé pour l'Occident, d’autant plus que la Russie n'a jamais construit de système de défense aérienne à échelons en direction de l'Ukraine, mais en direction de l'Ouest.
"L’Otan aura donc beaucoup plus de problèmes avec le système de défense aérienne de la Russie en direction de l'Ouest".
Une participation qui ne fait pas l’unanimité
La participation de la Suède aux prochains exercices de l'Otan n’est pas bien vue par la Turquie, mais Ankara ne peut pas influencer une telle décision, a affirmé à Sputnik un chercheur principal à l'Institut des relations internationales (IMEMO) de l'Académie russe des sciences.
"Les relations avec l'Otan peuvent théoriquement se refroidir, il y a des discours contre l'Otan en Turquie et même des critiques, parce que les intérêts de l'Otan sont maintenant très opposés aux intérêts turcs. Les Turcs peuvent condamner une telle démarche de l'Otan, mais ils ne peuvent pas l'interdire, parce que les exercices ont lieu sur la base d'une décision des organes centraux de l'alliance", a dit Viktor Nadeïn Raïevski, notant que les contradictions entre Ankara et la direction de l'Otan ne peuvent pas conduire à un retrait de la Turquie de l'alliance.
Toutefois, "la participation de la Suède aux exercices de l'Otan ne contredit pas les règles de l'alliance", puisque que de tels exercices ont été organisés avec d'autres pays qui ne sont pas encore membres de l'Otan et qui ont un certain nombre de problèmes bilatéraux non résolus dans leurs relations avec Ankara, comme l'Arménie, a-t-il conclu.
Plus tôt, le Financial Times avait relaté que les pays de l'Otan prévoyaient d'organiser en 2024 un exercice militaire de grande envergure, avec l’implication de 500 à 700 missions de combat aérien, la participation d'environ 41.000 militaires et de plus de 50 navires. L'exercice se déroulera en Allemagne, en Pologne et dans les États baltes.