À la lumière des récentes propositions formulées par l’Onu concernant l’accord céréalier, suspendu depuis mi-juillet, le ministère russe des Affaires étrangères a fait une déclaration là-dessus. À l’aide de chiffres et faits, la diplomatie russe a esquissé la situation à propos de la sécurité alimentaire après la fin de l'Initiative de la mer Noire.
L’accord céréalier n'a pas aidé les pays les plus pauvres à lutter contre la famine: sur les 32,8 millions de tonnes de marchandises, les pays dans le besoin n’ont obtenu que des miettes, à savoir moins de 3%, selon Moscou.
Qui plus est, les céréales exportées dans le cadre de l’Initiative n'ont fait qu'enrichir les producteurs de fourrage ukrainiens. Le blé était principalement destiné au bétail et est allé en Europe, et non en Afrique, insiste la partie russe.
Quid des prix?
Les prix des céréales ne font que baisser: ainsi en août, une baisse de 4 à 5% a été enregistrée, a précisé la diplomatie russe.
Situation en Ukraine
Le ministère russe des Affaires étrangères a tenu à souligner que l'Ukraine n'était plus le grenier du monde, sa part dans les exportations mondiales de céréales n'étant plus que de 5%. En outre, les surfaces ensemencées en Ukraine diminuent, notamment en raison de leur empoisonnement par les radiations et les toxines des munitions à l'uranium appauvri, que Kiev utilise depuis ce printemps, affirme Moscou.
"L'Europe n'aide pas l'Ukraine à exporter des céréales. Depuis mai, les livraisons aux pays de l'UE limitrophes de l'Ukraine sont interdites. Il est fort probable que cette situation perdure pendant l’hiver."
Obligations non respectées
Le ministère russe est de surcroît revenu sur les obligations que "le Secrétariat de l’Onu et l’Occident ne voulaient pas et ne veulent pas respecter face à la Russie".
Alors que la reconnexion de la Rosselkhozbank au système SWIFT est nécessaire pour la mise en place de l’accord céréalier, la situation ne change pas:
"Au lieu de cela, il n'y a que des discussions interminables sur la création de mécanismes indirects via des filiales et des banques partenaires (sans garantie de mise en œuvre). Les comptes de la Rosselkhozbank sont généralement fermés", souligne la diplomatie russe.
La solution concernant l'assurance des navires russes est toujours dans l’impasse et aucun mécanisme spécial, à savoir une plateforme d’assurance, n’a été créé en ce sens, a pointé la diplomatie russe.
En outre, l’Onu reste muette sur la restauration du pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa, lequel pourrait fournir de l'engrais à des dizaines de millions de personnes.
"Nous avons invité les Nations unies à nous parler, mais Rebeca Greenspan, responsable de l'accord pour l'Organisation mondiale, ne veut pas venir à Moscou ni même envoyer de rapports sur son travail."
L’aide russe en dehors de tout accord
La diplomatie tient à rappeler comment le problème de la famine dans le monde est résolu par Moscou "sans aucun accord":
La Russie a envoyé ou enverra dans un avenir proche 20.000 tonnes d'engrais au Malawi, 34.000 tonnes au Kenya, 23.000 tonnes au Zimbabwe, 34.000 tonnes au Nigeria, 55.000 tonnes au Sri Lanka, ainsi que 200.000 tonnes de blé à destination de la Somalie, de la RCA, du Burkina Faso, du Zimbabwe, du Mali et de l’Érythrée.
Qui plus est, en collaboration avec Ankara et Doha, un projet est en cours d'élaboration pour livrer 1 million de tonnes de céréales à la Turquie pour y être transformées et envoyées gratuitement aux pays les plus pauvres.