Sommet des BRICS 2023 en Afrique du Sud

"Pas de raison d’utiliser le dollar" pour commercer entre voisins, selon un ministre sud-africain

La dédollarisation prendra du temps à aboutir à l’échelle mondiale, mais elle pourrait être mise en pratique dans les échanges entre voisins africains, a déclaré à Sputnik Afrique Enoch Godongwana, ministre des Finances sud-africain.
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Chaque chose en son temps. Si beaucoup parlent aujourd’hui de dédollarisation, le processus devrait prendre du temps et pourrait d’abord être éprouvé à l’échelle locale, par exemple entre pays africains, a déclaré à Sputnik Afrique Enoch Godongwana, ministre des Finances sud-africain.
Diverses forces sont aujourd’hui à l’œuvre pour trouver une alternative au billet vert américain. Pékin souhaite par exemple imposer sa devise comme une nouvelle monnaie de réserve. Mais les objectifs sont différents sur le continent africain, où il s’agit plutôt de contourner le dollar dans les échanges commerciaux entre voisins, explique le responsable.
"La dédollarisation n’est pas une chose facile à mettre en place. La Chine se bat actuellement pour que le renminbi devienne sa propre monnaie de réserve [….] Mais ce que nous disons ici, c'est qu’il n’y a aucune raison pour que je commerce à mon voisin du Botswana en dollar plutôt qu’en pula", a ainsi déclaré Enoch Godongwana.

Emprunts en monnaies locales

Au-delà de la dimension commercial, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), comptent aussi sur leur banque commune pour jouer la carte des devises locales. La Nouvelle Banque de développement (NBD), organe financier du groupe, va ainsi proposer des emprunts en monnaies nationales, explique Enoch Godongwana.
"Ce que nous faisons, c'est affirmer la centralité des BRICS sur la scène géopolitique […] Nous avons aussi convenu d'essayer d'utiliser les monnaies locales dans nos échanges commerciaux. Nous nous sommes aussi assurés que la NDB, dans ses opérations de financement, contracte des emprunts en monnaies locales pour financer des projets en monnaies locales afin de nous éviter d'être confrontés aux fluctuations monétaires", déclare-t-il ainsi.
Le processus est déjà en cours, puisque la NBD vient d’émettre ses premières obligations en rands sud-africains, ce 15 août. La plupart des pays membres de la NBD poussent en ce sens, avait déjà affirmé le ministre, mi-août.
La NBD finance les grands projets du groupe des BRICS et se veut une alternative à la Banque mondiale et au Fonds Monétaire International (FMI). Plusieurs pays y ont adhéré ces dernières années, comme l’Égypte, le Bangladesh, les Émirats arabes. L’Algérie lorgne aussi sur l’institution et a demandé le soutien de l’Inde pour y adhérer. Cinq nouveaux membres pourraient bientôt être accueillis, a déclaré Dilma Rousseff, présidente de la NBD.
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