Prôné par les BRICS, le commerce en monnaies nationales détrônera certainement le dollar américain, a indiqué auprès de Sputnik Afrique Ovigwe Eguegu, conseiller politique du cabinet nigérian de conseil Development Reimagined. "Ce n'est pas seulement possible, c'est inévitable", estime-t-il.
En effet, la dédollarisation poursuit bel et bien son chemin dans les règlements entre les pays des BRICS, comme l’a déclaré le Président russe à l’ouverture du Forum d’affaires des BRICS, le 22 août. Pour l’analyste, ce processus s’explique par l’envie de nombreux pays de sécuriser leurs marchés:
"Il y a des pays partout dans le monde qui ont vraiment ressenti les conséquences de la pénurie de dollars américains et les États-Unis poussent aussi leur inflation à l’échelle mondiale en manipulant les taux d’intérêt ou en ajustant les taux d’intérêt".
Les pays affectés en recherchent une alternative depuis longtemps, alors que "les BRICS montrent pour la première fois que c’est possible", souligne Ovigwe Eguegu.
D’ailleurs, une telle transition est stimulée par les appels à la dédollarisation et au commerce en monnaies locales, exprimés par des pays à la croissance la plus rapide, ainsi que "certaines des plus grandes économies du monde, comme la Chine, l’Inde et le Brésil", poursuit le conseiller du cabinet spécialisé en géopolitique avec une référence particulière à l'Afrique.
"Dans un avenir proche, cela deviendra une réalité et cela diminuera la domination américaine en termes de leur part dans le commerce mondial", suggère-t-il.
Une démarche qui boostera l’économie africaine
L’intention de la Nouvelle Banque de développement des BRICS de commencer à accorder des prêts en devises nationales changera la donne pour les États emprunteurs, a noté M.Eguegu commentant la déclaration de la directrice de cette institution, Dilma Rousseff. Selon elle, les prêts pourraient être octroyés en monnaies brésiliennes et sud-africaines.
"Si l’on regarde la façon dont les pays luttent pour payer leurs dettes, la plus grande partie du stress vient du manque d’accès aux devises étrangères, au dollar américain", explique le spécialiste.
La dette est émise en dollars américains et est investie ensuite dans des projets, une raison pour laquelle les fluctuations des taux de change et des chocs économiques, comme le Covid-19, entravent les pays d’effectuer des remboursements.
"Il est difficile pour les pays de maintenir l’arrivée de dollars américains pour disposer de dollars nécessaires au remboursement leur dette", souligne Ovigwe Eguegu.
En revanche, les prêts en monnaies locales accordés par les pays amis, lesquels n’utiliseraient leurs devises que comme des armes financières, pourraient faciliter l’accès aux crédits pour les États africains. Ce qui permettrait finalement pour ces pays "de construire des infrastructures et de développer leur économie".