Dialogue de sourds. Le courant ne passe pas vraiment entre les instructeurs de l’Otan et les militaires ukrainiens, qui se plaignent de formations inadéquates, rapporte le site d’information openDemocracy.
L’entraînement prodigué est souvent éloigné des réalités du terrain, car les instructeurs de l’Alliance atlantique sont plutôt spécialisés dans les combats urbains, alors que les affrontements sur le front se déroulent plutôt en terrain ouvert, affirme par exemple un sergent-chef de la 41e brigade mécanisée, surnommé "Le Néerlandais".
"Ils ne comprennent pas très bien notre situation et comment nous nous battons […] Ce serait mieux si les instructeurs venaient ici pour voir ce à quoi nous sommes confrontés ou si nous allions là-bas pour les former à entraîner nos troupes. Pour la plupart, les instructeurs occidentaux ont mené des guerres dans des villes, des villages, en milieu urbain. Nous sommes souvent en terrain plat", explique-t-il ainsi.
Les instructeurs occidentaux planifient également leur opération "en pensant à un ennemi plus faible", ce qui n’est pas forcément le cas en Ukraine, ajoute le gradé qui a suivi des formations en Allemagne et au Royaume-Uni.
Champ de mines de 2 mètres
D’autres facettes du conflit ukrainien semblent échapper aux formateurs de l’Otan, comme l’importance du déminage. Alors que la Russie a parfois déployé des mines sur plusieurs kilomètres, des soldats ukrainiens en sont réduits à s’entraîner sur des champs très limités, explique à openDemocracy un autre soldat de la 41e brigade mécanisée.
"Il y avait très peu de choses sur le déminage. Ils nous ont montré un champ de mines d'environ deux mètres de large. La formation a duré environ deux heures. Mais lorsque vous arrivez ici et que vous regardez ce qui est devant vous, ce n'est tout simplement pas comparable", déclare-t-il ainsi.
Depuis plusieurs mois, des témoignages remontent sur les formations dispensées par les pays de l’Otan, qui ne seraient pas forcément à la hauteur. Fin juin, des prisonniers ukrainiens avaient déjà pointé du doigt des entraînements prodigués en France, expliquant qu’on ne leur avait même pas appris à appliquer un garrot correctement et à porter les premiers soins aux blessés.
Fin juillet, un rapport secret de l’armée allemande avait aussi souligné que les jeunes soldats formés par l’Otan devaient toutefois obéir à des commandants parfois ignorants des standards de l’Alliance, réduisant les efforts occidentaux à néant.