Les sanctions ont permis à la Russie de travailler à l’émergence d’un monde multipolaire, en approfondissant sa relation avec les BRICS ou en renforçant ses relations commerciales avec certaines régions comme l’Afrique, a déclaré à Sputnik Afrique Jean René Ndouma, consultant camerounais en marchés financiers et finance digitale.
"Avec tout ce qui est arrivé, la multipolarisation qui a été déclenchée s’est accélérée. Ces sanctions issues de l'opération spéciale ont permis à la Russie de prendre des mesures adéquates et de renforcer son positionnement, tant sur le plan économique que sur le plan géostratégique […]", déclare ainsi le docteur-ingénieur commentant l’acquisition de la Russie du statut de la cinquième économie mondiale selon une récente étude de la Banque mondiale.
De ce fait, "les tendances pour l'économie russe sont logiquement positives", estime l’économiste.
Jean René Ndouma s’interroge même sur le classement de la Banque mondiale, expliquant que la Russie s’est sans doute "davantage rapprochée" du peloton de tête. Il souligne l’intérêt suscité par le dernier sommet Russie-Afrique, qui prouve que Moscou n’est pas isolé sur les marchés et que son économie se portera encore mieux dans les années à venir.
De l’autre côté, l’Occident paie un lourd tribut aux sanctions, après avoir mis sur la touche la Russie qui lui fournissait du gaz, du pétrole et des céréales. Plusieurs pays occidentaux passent d’ailleurs outre les restrictions, en important par des circuits détournés, via l’Inde ou la Chine, ajoute l’économiste.
Action et réaction
La Russie ne s’est pas laissée abattre par les sanctions occidentales mais a su s’adapter, poursuit M. Ndouma. Le pays s’est notamment montré résilient face à son expulsion du système SWIFT ou au gel de ses avoirs, une sanction qualifiée d’"abusive et illégale" par l’analyste.
"Il y a eu des sanctions phares comme le gel des avoirs russes, auxquelles la Russie a réagi comme il le fallait […] En décidant par exemple de ne plus vendre ces produits en dollars à l'étranger, mais de les vendre désormais en roubles […] Les sanctions et les réactions russes ont plutôt permis au pays de conforter son économie et de diversifier ses partenariats, surtout avec l'Afrique", explique-t-il ainsi.
Croissance russe
Dans son dernier rapport, le Fonds monétaire international (FMI) avait d’ailleurs revu une nouvelle fois à la hausse les perspectives de croissance russe, qui devraient s’élever à 1,5% en 2023, très loin de "l’effondrement" annoncé par certains, comme le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire. Mieux encore: avec ces résultats, la Russie laisse dans le rétroviseur la zone euro, dont la croissance devrait s’élever à 0,9% en 2023, selon le FMI.
Côté russe, on s’attend même à ce que la croissance dépasse les 2% d’ici la fin de l’année, ainsi que l’a expliqué Maxime Rechetnikov, ministre du Développement économique.