"La France œuvre pour pousser [d'autres pays] à mener des opérations militaires en vue de faire face à la situation au Niger", a déclaré à Sputnik Abd al-Rahman bin Shrit, de l'université de Djelfa. Mais ces efforts "pourraient affecter davantage les relations avec l'Algérie et les pays de la région".
"La France n'a pas d'autres moyens que le recours militaire, auquel elle est habituée dans les pays du Sahel", a-t-il encore déclaré.
Et de souligner que "tous les groupes du continent africain en ont assez de la politique française, habituée à utiliser la violence dans la région du Sahel et à nommer des Présidents pour les intérêts de la France aux dépens de leur peuple".
Pas de recours à la force
Jeudi, le conseil militaire du Niger a annoncé qu'il répondrait immédiatement à toute "agression ou tentative d'agression" à son encontre par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Le lendemain, le ministère algérien des Affaires étrangères a souligné "la nécessité d’activer toutes les méthodes et tous les moyens diplomatiques et pacifiques et d’éviter l’option du recours à la force, qui ne peut que rendre la situation plus compliquée, plus aggravante et dangereuse pour le Niger et l’ensemble de la région", selon un communiqué officiel.
Les relations entre la France et l'Algérie "se dirigent vers l'escalade, notamment au vu des lobbies français qui affectent les relations extérieures de la France", a estimé l'universitaire.
Pour lui, la crise ukrainienne a fortement affecté la politique française et ses relations extérieures, y compris avec l'Algérie. Une tendance à l'éloignement est donc probable.
Relations Niger-Algérie
À la fin de l'année dernière, l'Algérie, le Niger et le Nigeria ont signé un protocole d'accord pour la construction d'un gazoduc transsaharien, et convenu de former un comité technique et un comité de suivi pour apporter les premières touches à l'étude.
En avril dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a adressé un message du Président algérien à son homologue nigérien, Mohamed Bazoum, l'informant du plein engagement d'Abdelmadjid Tebboune à continuer à travailler avec lui pour incarner leur ambition commune de construire un partenariat.
La crise au Niger
L'armée nigérienne a annoncé, tôt le matin du 27 juillet, la destitution du Président Mohamed Bazoum, la fermeture des frontières et l'imposition d'un couvre-feu. Elle a averti que toute intervention militaire étrangère aurait des conséquences désastreuses incontrôlables et conduirait au chaos.
Vendredi, les chefs d'état-major de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont défini les contours d'une "éventuelle intervention militaire" contre les auteurs du coup d'État au Niger, selon un responsable de l'organisation régionale cité par l'AFP. Le 30 juillet, quatre jours après le coup d'État, la CEDEAO a posé un ultimatum de sept jours, soit jusqu'à dimanche soir, pour rétablir le Président Bazoum dans ses fonctions, sous peine d'utiliser "la force". Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué appuyer "avec fermeté et détermination" les efforts de la CEDEAO pour contrer les autorités autoproclamées.