"La politique française de domination économique engendre justement toutes ces révolutions" en Afrique; "cela va exploser malheureusement parce que la jeunesse ne peut plus continuer à être dominée par l'Occident", estime auprès de Sputnik Afrique Ludovic Tapsoba, secrétaire général adjoint de l’Association des anciens étudiants et stagiaires burkinabè de l’ex-URSS, à l’occasion de la Journée de l'indépendance du Burkina Faso.
"Et je prie de vous dire que ce n'est pas fini. Demain, après-demain, je vous garantis que vous entendrez des bruits à Lomé, au Bénin et pratiquement [dans] beaucoup de pays africains", a-t-il indiqué.
Selon M.Tapsoba, qui souscrit au propos du Président Ibrahim Traoré à ce sujet, il faut que toutes les nations engagées dans la prise de conscience du danger du néocolonialisme, "puissent véritablement aller vers une vraie union" en rejoignant le Burkina et le Mali.
"Je suis parfaitement d'accord avec le Président Ibrahim, il faut travailler à cela, pas seulement rester faire des déclarations parce que beaucoup de gens l'ont fait depuis 1960 avec l'OUA. Mais voilà que nous sommes toujours restés en stand-by. Il faut maintenant travailler avec les forces vives de la Nation", a-t-il souligné.
Indépendance partielle
Commentant la 63e année d'indépendance du Burkina, M.Tapsoba pense qu'elle n'a été acquise que partiellement, notamment sur le plan politique, mais que la dépendance économique est toujours bien réelle.
"Sur le plan économique, nous sommes restés liés à notre colonisateur, puisque notre monnaie était fabriquée par le colon et dans le pays du colon. Et les accords nous étaient imposés. Même le prix de l'or aussi. Donc je dirais qu'il s'agit simplement d'une indépendance politique mais pas d’une indépendance totale", a-t-il précisé.
Selon lui, malheureusement, après 63 ans, les Burkinabè se rendent compte que cette indépendance politique est toujours sous domination coloniale.
Vers une indépendance effective
Après des décennies de cette semi-indépendance, les Burkinabè ont su prendre leur destin en main afin de finalement mener le pays vers une indépendance totale, pense M.Tapsoba.
"Vous vous rendez compte que plus récemment, on [le peuple burkinabè, ndlr] a demandé à ce que l'armée française, qui est une armée d'occupation, quitte le Burkina Faso. Donc je dis que ces dernières années, nous constatons que non seulement l'indépendance politique s'affirme de plus en plus, mais que l'indépendance économique est, je dirais, sur la voie. On est prêt, vraiment à, comme disent les Russes, chasser les aléas de notre pays."
Le panafricanisme aidera l'Afrique
M.Tapsoba trouve que la limitation des pays africains par les colons a joué un rôle important dans le retard de l'Afrique.
"Vous savez que les pays africains, après la balkanisation, sont devenus des pays insulaires, ils n'ont même pas d'accès aux ports; ils ne peuvent pratiquement pas se développer indépendamment de l'Occident. Et on se dit que seule l'union de tous ces pays-là, en un seul bloc, pourra vraiment consolider l'économie de l'Afrique", a-t-il conclu.
Anciennement République de Haute-Volta, le pays est devenu indépendant le 5 août 1960. L'ex-Président Thomas Sankara l'a renommé Burkina Faso ("pays des hommes intègres") en 1984.