Coups d’État au Niger et en Ukraine: pour l'Occident, "les peuples n'ont pas la même valeur"

Condamnant le récent coup d’État au Niger mais pas celui organisé en Ukraine en 2014, l’Occident mène la politique de deux poids deux mesures, indique un activiste nigérien à Sputnik Afrique. Selon lui, les militaires étrangers dont des Français et des Américains doivent se retirer du Niger car leur présence ne fait que détériorer la situation.
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Les pays occidentaux, y compris la France, ont condamné le renversement du Président nigérien cette année mais ont soutenu le coup d’État en Ukraine en 2014, a noté Ibrahim Namaiwa, membre du Mouvement nigérien pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable (MPCR), auprès de Sputnik Afrique.
Selon lui, il s’agit d’une nouvelle manifestation de la politique de deux poids deux mesures appliquée par les pays occidentaux pour lesquels "les peuples n’ont pas la même valeur, les pays n'ont pas la même considération".
"La preuve, c'est qu'il y a 2014 où tout le monde a vu, comment la France et d'autres pays occidentaux n'avaient pas pris des dispositions, comme celles qu’ils sont en train de prendre contre le Niger, par rapport à la question de l'Ukraine. Et aujourd'hui ils condamnent sévèrement le coup d'État au Niger et avant le Niger aussi la situation du Mali et du Burkina. On voit clairement à cette question deux poids deux mesures", a lancé le militant.
D’après lui, "il n'y a pas le même respect des valeurs internationales selon qu'on soit dans un pays africain ou selon qu'on soit dans un pays européen". Et ceci alors que l’Occident pille "les ressources du sol et du sous-sol" du continent noir.

"Que les soldats étrangers plient bagage"

Les raisons de Washington qui se déclare prêt à aider "les dignitaires de l'ancien régime, à réhabiliter l'ancien Président" du Niger sont tout à fait claires, poursuit M.Namaiwa.
Revenant sur la présence militaire française et américaine dans le pays, l’activiste estime que c’est justement le moyen utilisé par les États-Unis "pour essayer de contrôler toute cette zone de l'Afrique subsaharienne, de l'Afrique de l'Ouest et un peu au-delà, le Maghreb".
"Cette base-là est un maillon important de la géopolitique internationale, de la politique géostratégique des États-Unis", conclut-il.
Selon lui, la présence de militaires étrangers est désormais "inutile et inefficace", ce qui ne fait que "contribuer à endeuiller les populations nigériennes".
"Il est grand temps que tous ces soldats étrangers plient bagage et quittent le territoire nigérien afin que le peuple nigérien puisse retrouver vraiment la voie du salut pour le pays, et éventuellement prendre notre destin en main", a suggéré M.Namaiwa.

Manipulations via la CEDEAO

Alors que la CEDEAO a fixé un ultimatum d'une semaine pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger et n’exclut pas l’usage de la force pour rétablir les autorités nigériennes déchues, M.Namaiwa y voit "les mêmes manipulations, l'influence de la France sur la CEDEAO", ainsi que "les manipulations de certains chefs d'État de certains pays-membres de la CEDEAO".
"On se demande même quelle est la force militaire avec laquelle la CEDEAO va essayer de s'attaquer au Niger, quand on sait que la CEDEAO n'a pas une force militaire propre à elle", s’interroge M.Namaiwa.

Consolider les efforts

Selon le militant, la situation du Niger avec le coup d'État, avec les nouvelles autorités, est favorable à la création d’une fédération entre le Mali, la Guinée et le Burkina Faso qui fait l’objet de discussions depuis des mois. Les trois pays, suspendus de la Cédéao et de l'Union africaine après des prises de pouvoir successives par des militaires en 2020, 2021 et 2022, ont affiché leur soutien au peuple nigérien.
"C'est le moment pour que ces différents pays, puissent conjuguer leurs efforts, créer cette fédération là et faire en sorte que des éventuelles adhésions puissent avoir lieu."
Selon M.Namaiwa, la création d’une telle fédération pourrait favoriser l’émergence et la prospérité des peuples de ces pays.

La position de l’Occident vue par Moscou

De son côté, le chef de la diplomatie russe avait aussi mis en exergue l’incohérence de l’attitude des pays occidentaux face aux coups d’État, à l’exemple de l’Ukraine en 2014. L’Occident n’appelait pas l’opposition à l’ordre à l’époque, avait rappelé Sergueï Lavrov fin juillet.
"Jugez vous-mêmes comment nos collègues traitent les coups d’État, notamment envers ceux qui se passent loin, et envers ceux qu’ils organisent eux-mêmes", a souligné le ministre.
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