La position ferme de la CEDEAO concernant le coup d’État à Niamey a fait réagir les autorités de transition du Burkina Faso et du Mali, voisins du Niger.
"Toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali", indique le communiqué conjoint, fait le 31 juillet et signé par les porte-parole des gouvernements respectifs du Burkina et Mali.
Le Burkina Faso et le Mali disent être prêts à quitter la CEDEAO et à adopter des "mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger" en cas d’intervention militaire. L’usage éventuel de la force aurait des "conséquences désastreuses" et "pourrait déstabiliser l’ensemble de la région", insistent les autorités transitionnelles des deux pays.
De plus, le Burkina Faso et le Mali ont décidé de refuser d’appliquer les sanctions économiques imposées par la CEDEAO contre le Niger, les jugeant "illégales, illégitimes et inhumaines".
"Les gouvernements de transition du Burkina Faso et du Mali invitent les forces vives à se tenir prêtes et mobilisées, en vue de prêter main-forte au peuple nigérien, en ces heures sombres du panafricanisme", conclut le texte. Les autorités actuelles du Mali sont arrivées au pouvoir suite à un coup d’État en mai 2021, alors qu’au Burkina les militaires ont pris le pouvoir en septembre 2022.
Ultimatum de la CEDEAO
Cette réaction intervient en réponse à l’ultimatum lancé la veille par la CEDEAO. Réunis le 30 juillet à Abuja, les dirigeants ouest-africains ont demandé le rétablissement, dans un délai d’une semaine, de l’ordre constitutionnel et le retour au pouvoir de Mohamed Bazoum, élu Président en 2021.
Si ces exigences ne sont pas remplies, la CEDEAO se réserve le droit de "prendre toutes les mesures nécessaires".
"Lesdites mesures peuvent inclure l’usage de la force", selon le communiqué de l’organisation.
La CEDEAO a également décidé de "suspendre toutes les transactions commerciales et financières" entre ses États membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d'État.
Crise au Niger
Dans la soirée du 26 juillet, des militaires se présentant comme les Forces de défense et de sécurité ont annoncé à la télévision nationale avoir renversé Mohamed Bazoum. Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle, s’est autoproclamé nouveau chef du pays et s'est présenté comme le président du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP). Il a justifié le coup d'État par "la dégradation de la situation sécuritaire" dans le pays.
Actuellement Mohamed Bazoum reste retenu à Niamey dans sa résidence présidentielle.
Plusieurs organisations internationales, à savoir l’Union africaine, l’Onu, l’UE et plusieurs pays africains et occidentaux ont condamné le coup d’État. La diplomatie russe a appelé le 27 juillet "les parties au conflit à s'abstenir de recourir à la force" et a déclaré compter "sur la libération rapide du Président M.Bazoum par les militaires".