Suite aux sanctions occidentales, les exportations de produits raffinés de la Russie vers l'Afrique ont explosé depuis le début du conflit en Ukraine. Elles ont été multipliées par 14 en un peu plus d'un an, indique l’étude publiée le 4 juillet par le cabinet S&P Global Commodity Insights.
Avant le 24 février 2022, la Russie exportait 33.000 barils par jour (b/j) de produits raffinés vers l'Afrique, dont une grande partie d'essence. En mars 2023, ce chiffre a grimpé à 420.000 b/j, note le rapport.
Au premier trimestre 2022, la Tunisie n'a importé que 2.700 b/j de produits russes, mais ce chiffre est passé à 66.300 b/j au premier trimestre de cette année, selon les calculs du cabinet.
Quant au Nigeria, plus grand producteur de pétrole d'Afrique et État le plus peuplé, il a vu ses importations presque quintupler d'une année sur l'autre pour atteindre 57.400 b/j au premier trimestre 2023.
Le Maroc, la Libye et l’Égypte ont également enregistré d’énormes augmentations de leurs importations de produits raffinés provenant de Russie, poursuit S&P Global Commodity Insights, sans présenter les chiffres.
Selon l’agence, la réorientation des flux vers l’Afrique a été facilitée par la chute des importations d’essence néerlandaise après que les régulateurs aux Pays-Bas ont imposé de nouvelles règles sur la teneur en soufre, en benzène et en manganèse pour les exportations de carburant.
Un bond d’exportations marocaines
Dans la foulée, certains pays africains, comme le Maroc, réussissent à augmenter significativement leurs propres exportations de produits raffinés, note le cabinet.
Avant le début du conflit en Ukraine, le Maroc ne figurait pas parmi les pays exportateurs d’essence, de gasoil ou de naphta, toujours selon la même source. Pourtant, dès début 2023, il a fourni des quantités assez importantes à l’Europe.
À savoir, en juin seulement, ce pays maghrébin a expédié 61.400 barils par jour vers l’Espagne, précise S&P Global Commodity Insights. Le montant total de ses exportations en ce seul mois a bondi jusqu’à 80.000 barils par jour.
Sanctions occidentales contre l’or noir russe
L’UE a instauré des sanctions sur le pétrole et les produits pétroliers russes (bruts le 5 décembre 2022, puis raffinés le 5 février 2023). Plusieurs pays d’Europe ont arrêté les livraisons maritimes de pétrole russe.
En outre, la coalition des pays du G7, de l’Australie et de l’UE avaient imposé un plafonnement du prix de pétrole russe à 60 dollars le baril, en admettant une correction du prix limite en cas de nécessité. Toutefois, les sanctions n’ont pas affecté les livraisons via le pipeline Droujba.