L’État doit assumer sa mission de l’ordre public, dans le cas contraire l’ampleur des violences urbaines ne fera que croître, a alerté David Lisnard, président de l'Association des maires de France.
"Aujourd’hui on ne peut pas regarder la dégradation de notre nation, la dégradation de notre société. Ça fait 30 ans que ça dure, c'est de pis en pis. Les prochaines émeutes dans cinq ans, dix ans, seront encore pires. Il est temps de dire maintenant qu’on veut de l’ordre", a-t-il déclaré le 2 juillet sur RTL.
Il n’est plus possible d’accepter la banalisation des dégradations, des incendies d'écoles, de mairies, les attaques de domiciles d'élus, a-t-il martelé.
Ampleur inédite
La France a connu six nuits de violences, déclenchées après la mort le 27 juin à Nanterre d’un adolescent. Nahel, d’origine algérienne, a été tué par un policier lors d’un contrôle routier suite à un refus d’obtempérer.
Des tensions ont alors éclaté à Nanterre et se sont rapidement propagées à plusieurs villes. Les émeutiers, en majorité des jeunes, s’en sont pris aux biens publics, aux magasins, mais également aux commissariats et mairies. Pour contrer les violences, les autorités ont fait appel à un important dispositif de sécurité, 45.000 agents des forces de l’ordre ont été mobilisés.
Dans la nuit du 2 au 3 juillet, ils ont interpellé 157 personnes. Le ministère de l’Intérieur a recensé 352 incendies sur la voie publique et 297 incendies de véhicules.
Ce bilan témoigne pourtant d’une diminution des tensions par rapport aux nuits précédentes. Le triste record a été enregistré dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, avec 994 interpellations au niveau national.
Les émeutes de 2005
Cet épisode de violences urbaines, inédites dans leur intensité a des points communs avec une autre vague de violences urbaines survenues il y a 18 ans et considérées jusque-là comme la plus importante.
Le 28 octobre 2005, deux adolescents ont été électrocutés alors qu'ils cherchaient à échapper à un contrôle de police à Clichy-sous-Bois. Les émeutes ont commencé à Clichy et Montfermeil, puis se sont progressivement étendues à la Seine-Saint-Denis, puis à l’Île-de-France, et enfin aux principales métropoles françaises.
L'état d'urgence a été introduit. Environ 3.000 personnes ont été interpellées. Les affrontements, les pillages, les incendies de véhicules ont pris fin au bout de trois semaines.