Des recrues peu banales. Depuis février 2022, l’armée française a formé plus de 2.000 soldats ukrainiens, leur profil a parfois déboussolé les formateurs, rapporte Le Monde. La plupart des militaires entraînés "manquaient de tactique et d’organisation à leur arrivée", alors que certains avaient pourtant déjà connu l’expérience du front.
"Ils avançaient en meute et criaient énormément", raconte ainsi un officier instructeur au quotidien français.
Les formateurs ont mesuré de vrais "écarts en ce qui concerne la culture militaire et l’expérience". Les Ukrainiens les plus âgés restant notamment marqués par les méthodes d’encadrement soviétique, d’une autre époque.
Certains ont formulé des demandes "qui ont pu surprendre" les formateurs, comme le souci d’apprendre le combat de tranchée et le tir à 200 mètres, note encore Le Monde. Les instructeurs ont aussi noté une autre approche de la menace des drones. Beaucoup de soldats ukrainiens "passaient leur temps à lever la tête et à chercher à se mettre à couvert", explique ainsi un officier au quotidien.
Limiter les contacts
Autre détail intriguant: les soldats français ont eu pour consigne de ne pas chercher à entretenir de relations personnelles ou professionnelles avec les militaires entraînés. Toutes ces recrues ukrainiennes sont en effet destinées à repartir au front et beaucoup y trouveront la mort, ce qui pourrait laisser des séquelles psychologiques si des liens trop fort étaient tissés.
"Lors d’une séquence de formation organisée voici plusieurs mois par un pays balte, les formateurs se sont rendu compte qu’ils avaient perdu le lien avec 70% de ceux qu’ils avaient entraînés – parmi ces derniers, selon leurs estimations, 40% avaient potentiellement perdu la vie dans les combats. Une situation pouvant engendrer du stress post-traumatique", détaille ainsi une source militaire française au Monde.
Les formations durent en moyenne deux mois. Elles ont lieu en France, mais aussi en Roumanie et en Pologne. Les soldats ukrainiens se sont entraînés sur du matériel français cédé à Kiev, notamment des canons Caesar ou des blindés AMX 10 RC. Les autorités ontégalement reconnues avoir formé des équipages ukrainiens à la défense sol-air et "à la survie, au cas où leur appareil serait abattu".
L’entraînement de personnel aérien en France avait déjà été fustigé par l’ex-député européen Florian Philippot, fin mars. Le président du parti des Patriotes s’était étonné sur Twitter que "personne ne demande des comptes" au gouvernement français à propos de ces formations opaques.