Bloqués dans la capitale polonaise depuis le 15 juin, des agents de sécurité du Président sud-africain et des journalistes, 120 personnes au total, ne pourront pas se rendre en Russie où Cyril Ramaphosa est arrivé seul ce 17 juin avec une mission de paix, après être passé par l’Ukraine.
"Notre gouvernement n’a pas été capable d’assurer l’accès à l’espace aérien de la Hongrie. C’est pourquoi les membres de l’équipe de sécurité présidentielle ainsi que les journalistes ne voyageront pas en Russie", a écrit la journaliste sud-africaine Queenin Masuabi sur son compte Tweeter.
Selon la chaîne de télévision News24, la délégation sud-africaine devra revenir en Afrique du Sud.
"Purgatoire"
Un autre journaliste de la délégation retenue à Varsovie, Pieter Du Toit, avait précédemment partagé le désespoir qu’il avait vécu à bord de l’avion, le qualifiant de purgatoire.
"Du désespoir complet d’être bloqué au vol charter, à la sortie du purgatoire et, enfin, à un répit dans le quartier de la vieille ville de Varsovie. Une journée folle", a-t-il tweeté.
Les journalistes et agents de sécurité du Président ont dû passer toute la nuit à bord de l’avion sans pouvoir prendre de douche ou se brosser les dents. Les systèmes de conditionnement d’air de l’appareil étaient débranchés.
Des employés de la compagnie aérienne South African Airways leur ont acheté de la nourriture.
Selon la chaîne de télévision SABC News, le calvaire a duré plus de 26 heures.Le 16 juin au soir, les membres du service de sécurité et journalistes ont pu quitter l’appareil.
Ils ont ensuite passé une nuit à l’hôtel sans leurs bagages, selon une journaliste de Sunday Times, Amanda Khoza.
"Nous avons passé la nuit dans un hôtel à Varsovie, en Pologne, sans nos bagages à cause de l'impasse. Tout le voyage a été éclipsé par tout ce cauchemar logistique", a-t-elle indiqué sur Twitter.
Bloqués à mi-chemin
Tout a commencé le 15 juin, lorsque deux avions sud-africains, celui de Cyril Ramaphosa et l’autre transportant son équipe, ont atterri à Varsovie. Le Président devait ensuite se rendre à Kiev dans le cadre de la mission de paix africaine.
Mais le chef d’État a dû partir seul pour la capitale ukrainienne, 90 membres de son équipe de sécurité et 11 journalistes étant retenus à l’aéroport. Les gardes-frontières polonais affirment que les agents de sécurité étaient restés à bord de leur plein gré puisqu’ils ne pouvaient pas présenter les permis de port d'armes qui se trouvaient dans des conteneurs à bord de l'aéronef.
Le Service de la frontière n’a rien dit sur les journalistes, mais ceux-ci se sont plaints d’être aussi bloqués à bord de l’avion tandis que le Président Ramaphosa était déjà parti pour Kiev avec un petit groupe de gardes du corps.
Le chef de la sécurité du Président sud-africain, Wally Rhoode, lui aussi bloqué à Varsovie, a accusé le gouvernement polonais d’être "racistes" et de vouloir saper la mission de paix de M.Ramaphosa. Il a affirmé que la vie du Président avait été mise en danger, selon TimesLIVE. M.Rhoode s’est également indigné face aux tentatives des gardes-frontières de fouiller les commandos sud-africains, y compris les femmes.
"Des matières dangereuses et personnes non déclarées à bord"?
Suite à une avalanche de critiques envers la situation, le quotidien Rzeczpospolita s’est empressé d’affirmer que l’équipe de sécurité de M.Ramaphosa était armée "jusqu’aux dents" et qu’elle avait tenté de débarquer 12 conteneurs d’armes. Le journal polonais n’a pas pu préciser la source de cette information.
Les autorités polonaises expliquent l’incident par la présence de "matières dangereuses" et de "personnes non déclarées" à bord.
"Scandale diplomatique"
De son côté, la partie sud-africaine insiste sur le fait que toutes les formalités aient été réglées à l’avance. Le chef de la sécurité a remarqué que son pays avait été "en contact avec le gouvernement polonais depuis deux semaines" à ce sujet.
La chaîne de télévision sud-africaine SABC a qualifié cela de "scandale diplomatique entre l’Afrique du Sud et la Pologne".
Le porte-parole du Président sud-africain, Vincent Magwenya, a jugé la situation "regrettable" tout en ajoutant que rien n’avait compromis la sécurité du Président.