La monnaie commune des BRICS comme "une réponse logique" au "gang" économique du G7

La monnaie commune des BRICS est "une réponse logique" à l’hégémonie du dollar. Cela est réalisable dans les cinq à 10 prochaines années, mais nécessiterait un engagement très sérieux, surtout de la part d’éventuels nouveaux membres du groupe, considèrent deux experts interrogés par Sputnik.
Sputnik
Les cinq pays des BRICS se préparent à tenir un sommet majeur en Afrique du Sud en août, et la création d'une monnaie commune devrait être l'un des principaux sujets à l'ordre du jour. Contactés par Sputnik, deux experts de la finance dressent l’architecture éventuelle d’une politique monétaire commune.
"Il semble que le concept soit largement accepté", déclare Chris Devonshire-Ellis, président de Dezan Shira & Associates, qui a plus de 30 ans d'expérience en investissement en Russie, ou encore en Chine.

Prise de conscience

Malgré les risques encourus, les BRICS s'apprêtent à lancer un défi à l'ordre financier dirigé par les États-Unis, poursuit l’expert, soulignant que les politiques étrangère et économique des États-Unis et celles de leurs alliés ont conduit la majeure partie de la planète à la prise de conscience que Washington n'est pas un "leader mondial responsable".
Dans cette optique, cette démarche des BRICS serait "une réponse logique".
Les États-Unis sont devenus à la fois peu fiables et autoritaires dans leur politique étrangère, a-t-il soutenu. Ils ont utilisé des mécanismes internationaux pour punir les pays avec lesquels ils ne sont pas d'accord (comme couper les pays du système SWIFT) et ont semblé utiliser le G7 comme un "gang" économique pour soutenir et justifier leurs actions dans le monde.

Une dizaine d’années de travail sérieux

Chris Devonshire-Ellis souligne également que l'éventuelle monnaie des BRICS devrait être considérée comme une "alternative" au dollar, plutôt qu'un "concurrent".
Selon lui, il serait logique que les BRICS limitent initialement l'utilisation de leur nouvelle monnaie aux cinq membres principaux:
"Ce qui est logique à faire c’est de commencer par limiter (la monnaie commune) au commerce régional, de comprendre les problèmes opérationnels, puis peut-être de la déployer progressivement à un public plus large".
En général, Chris Devonshire-Ellis s'attend à ce que la monnaie ait besoin de plus d'une décennie pour devenir pleinement une alternative au dollar.
Pour Iqbal Surve, ancien président du BRICS Business Council, dont le travail a joué un rôle déterminant dans la création de la New Development Bank, mieux connue sous le nom de Banque des BRICS, c'est "réalisable dans les cinq à 10 prochaines années, mais cela nécessiterait un engagement très sérieux", surtout de la part d’éventuels nouveaux membres.

L'euro comme un exemple?

Les pays des BRICS devraient voir une monnaie commune non pas comme un outil "réactif" aux sanctions, mais comme une monnaie pour la croissance du commerce intra-bloc, avance Iqbal Surve.
"Si vous voulez comprendre la formation d'une monnaie des BRICS, vous devez regarder comment l'euro a été introduit par l'Union européenne et est devenu une monnaie mondiale essentiellement consolidée pour les pays de l'UE qui avaient jusque-là leurs propres monnaies distinctes", soutient-il.
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