La rupture du barrage hydroélectrique de Kakhovka suite à des pilonnages de Kiev pourrait avoir d’autres conséquences que les inondations. Elle risque d’impacter la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporojié, a estimé le chef de l’Agence international de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, dans un entretien accordé à Sputnik.
"On observe une diminution du niveau de l’eau qui se trouve dans le réservoir de refroidissement et qui est très important pour refroidir les réacteurs", a-t-il déclaré.
D’après lui, la perte de puissance de refroidissement pourrait entraîner "une fusion [des réacteurs] et des conséquences radiologiques, outre le fait que les réacteurs eux-mêmes peuvent être sérieusement endommagés". Et ceci sans même considérer les "impacts écologiques".
Cependant, le patron de l’AIEA a souligné ne pas vouloir "attiser la flamme ou semer la panique", ni "sous-estimer" la situation qui reste d’ailleurs "sérieuse".
L’agence atomique surveille de près la vitesse de diminution d’eau, tout en élaborant d’éventuelles réponses à recommander, poursuit M.Grossi. "Je suis certain que la centrale a ses propres réflexions sur ce sujet".
Effondrement du barrage
La centrale nucléaire est située à environ 150 km en amont du barrage de Kakhovka dont une partie a été détruite le 6 juin. Celui-ci se trouve dans la nouvelle région russe de Kherson. La Russie a pris le contrôle de la centrale de Kakhovka le jour où Moscou a lancé son opération militaire spéciale en Ukraine le 24 février 2022, signalant son importance stratégique.
L’incident a causé des sorties d’eau incontrôlables sur le fleuve Dniepr. La montée d'eau a été constatée dans plusieurs localités situées sur des dizaines de kilomètres en amont et en aval du barrage. Des milliers de civils ont dû évacuer. Orchestrée par l’Ukraine, cette destruction a été qualifiée d’"acte terroriste" par Moscou pour ses impacts humanitaires et écologiques.