Sabotage des Nord Stream: de nouveaux indices mènent à l’Ukraine, selon le Spiegel

Alors que l’enquête de Seymour Hersh désigne Washington comme organisateur du sabotage des Nord Stream, un média allemand insiste sur l’implication de l’Ukraine. Selon le Spiegel, de nouveaux indices, accablants pour Kiev, sont apparus autour du yacht qui aurait été affrété dans ce but.
Sputnik
Le jeu de piste continue. Le yacht Andromeda qui a peut-être servi à endommager les Nord Stream vient de livrer de nouveaux secrets, rapporte le Spiegel. De "plus en plus de données" parlent désormais en faveur d’une opération ukrainienne, selon le quotidien allemand citant des représentants d'un groupe dirigé par le procureur général Peter Frank.
Seymour Hersh, auteur d’une importante enquête sur ces explosions, avait pour sa part affirmé que ce scénario "ukrainien" avait été élaboré de toutes pièces par la CIA et le renseignement allemand, pour éloigner les soupçons. La piste a d’ailleurs été relayée par des médias allemands après la publication de l’enquête du lauréat du prix Pulitzer qui pointait Washington comme le premier responsable.
Trois mois plus tard, le Spiegel tente de nouveau d’imposer cette hypothèse. Selon le quotidien, l’e-mail envoyé lors de la location du navire a en particulier livré des métadonnées qui conduisent vers l’Ukraine. Par ailleurs, des traces d’un explosif nommé HMX ou octogène a été retrouvé à bord du yacht.
"Les restes d'un explosif pouvant être utilisé sous l'eau ont été trouvés sur une grande partie de l’Andromeda. L’HMX est un explosif largement utilisé à la fois en Occident et dans les pays de l'ancien bloc de l'Est", écrit ainsi le Spiegel.
Or, cet explosif est beaucoup plus léger que le traditionnel TNT, ce qui aurait pu permettre de le transporter aisément sur un petit navire du type de l’Andromeda.
"L’octogène est beaucoup plus léger que le TNT, il aurait pu être transporté sur un bateau relativement petit puis posé au fond de la mer Baltique par des plongeurs militaires expérimentés. La thèse souvent avancée disant que les assaillants ne pouvaient amener l'explosif que sur un navire plus gros ou sur un petit sous-marin n'est plus pertinente", précise le quotidien allemand.

Une balle dans le pied

Début mars, le New York Times et le Zeit avaient affirmé que le sabotage avait été effectué depuis un yacht loué en Pologne. Le quotidien américain avait mis en cause un groupe pro-ukrainien. Une hypothèse allant à l’encontre des révélations de Seymour Hersh qui accusait pour sa part des plongeurs américains, aidés par des spécialistes norvégiens.
Commentant la piste ukrainienne, Moscou avait estimé que l’Occident se tirait une balle dans le pied. Les soupçons levés par les médias pèsent sur l’opinion européenne, qui se demande désormais si l’aide accordée à l’Ukraine n’est pas contre-productive, comme l’avait expliqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Les Européens sont en effet les grands perdants de ce sabotage, puisqu’ils importent à présent leur gaz au prix fort.
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