La diplomatie russe a déploré le fait qu'en réalité, l'Initiative de la mer Noire s'est avérée différente de ce qui lui avait été présenté.
Ainsi, "en paroles ce paquet a été présenté comme visant à réduire les menaces à la sécurité alimentaire et à fournir une assistance aux pays nécessiteux d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine", a expliqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine.
"En réalité, il s'est avéré être une façade pour l'exportation commerciale de céréales ukrainiennes vers les pays les plus riches et rassasiés", a-t-il poursuivi pendant la XI Réunion internationale des hauts représentants en charge des questions de sécurité.
Il a ajouté que l'accord céréalier a finalement apporté "de super profits pour ceux qui ont acheté des terres arables ukrainiennes [...] des sociétés occidentales".
Les principaux bénéficiaires désignés
Dressant le bilan de l'accord céréalier depuis son lancement, M.Verchinine a fait remarquer que sur 30,3 millions tonnes de céréales, "la part du lion des produits, à savoir 80%" s'est retrouvée dans les mains des pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire supérieur, y compris l'UE (près de 40%).
"Les pays nécessiteux (Éthiopie, Yémen, Afghanistan, Soudan et Somalie) n'ont reçu que 722.000 tonnes, soit 2,5 % du fret", a-t-il fait savoir. "Cela n'empêche cependant pas les Occidentaux, avec le soutien de l'Onu, de reproduire hypocritement les thèses sur la sécurité alimentaire mondiale, la menace de famine et la non-prolifération de leurs sanctions sur la nourriture et les engrais."
Mémorandum Russie-Onu non respecté
Le vice-ministre des Affaires étrangères a en outre souligné le non-respect du mémorandum Russie-Onu signé parallèlement à l'accord céréalier.
Ce dernier "a irrévocablement discrédité son sens humanitaire", d'après Sergueï Verchinine qui a rappelé que cinq problèmes entravant l'exportation agricole russe restaient non résolus.
Ce sont les conditions dont la partie russe exige le respect par la partie occidentale: la reconnexion de Rosselkhozbank au système SWIFT, la fourniture de pièces détachées, le déblocage de la logistique de transport et des assurances, la relance du pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa, de même que le dégel des avoirs des entreprises russes.