L’initiative africaine de paix pour l’Ukraine s’impose comme un événement unique en son genre pour le continent africain et le reste du monde.
Comme l’observe pour Sputnik Natalia Piskounova, professeur de sciences politiques à l'université de Moscou, c’est un "événement longuement attendu sur la scène internationale, qui fixe définitivement le rôle complètement nouveau de l’Afrique dans les relations internationales".
La politologue met en relief le fait qu’au XXIe siècle les pays africains ne peuvent plus être qualifiés de sous-développés.
"[Ils sont des] acteurs à part entière du système des relations internationales qui ont su restructurer leurs économies […] et exercer une forte influence sur les pays développés et en développement, non seulement en tant que fournisseurs de ressources, mais aussi en tant qu'acteurs politiques influents [et qui] façonnent activement l'agenda politique et économique mondial."
Une neutralité qui joue son rôle
Qualifiant l’initiative africaine de "très prometteuse", la politologue pointe également "un bon potentiel" des six pays africains impliqués, à savoir l'Afrique du Sud, la Zambie, le Sénégal, l’Égypte, le Congo et l’Ouganda.
Et de poursuivre que jusqu’au présent "les pays de l’Afrique n’avaient pas agi activement en tant que médiateurs directs dans la résolution des conflits en dehors du continent".
"La neutralité de l'Afrique lui donne la plus large opportunité de devenir un "nouveau pacificateur" dans le système des relations internationales modernes. De plus, cette neutralité profite à l'Afrique elle-même en tant que bénéficiaire du premier volet de l’accord céréalier", estime la politologue.
Une expérience "extrêmement importante"
La professeur de relations internationales met en valeur la riche expérience de l’Afrique dans le règlement des conflits, comme celui au Rwanda, celui entre l’Éthiopie et l’Érythrée ou encore celui au Mozambique.
"Avant tout, les leaders africains savent que le premier pas dans le règlement de tout conflit c’est la création d’un pont communicatif entre les parties. C’est notamment cette expérience qui est extrêmement importante et exigée", explique-t-elle.
Quid de la médiation des BRICS?
Bien que deux pays membres des BRICS aient déjà proposé, séparément, leurs initiatives de paix, "il est trop tôt pour parler d’une médiation à grande échelle" du groupe dans le règlement du conflit, estime Mme Piskounova.