Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé le 17 mai un prêt de trois milliards de dollars de renflouement pour le Ghana. Ce financement permettrait à Accra de faire face à l’aggravation de la crise économique et de la dévaluation de sa devise. Sputnik en a parlé avec la Dr. Anne Abaho, chargée de cours en relations internationales et études de sécurité à l'université de Nkumba, en Ouganda.
La majeure partie des pays d'Afrique subsaharienne, dont le Ghana ou le Nigeria, bénéficient d'un plan de sauvetage sous forme d'une annulation de la dette, a-t-elle indiqué. Mais, selon elle, c'est dans l'intérêt des institutions financières, en particulier du FMI et de la Banque mondiale, de savoir où va réellement l'argent lorsqu'ils renflouent tel ou tel pays.
"Je pense qu'il y a quelque temps, ils ont annulé la dette des pays les plus endettés, mais vous ne voyez aucun changement sur le terrain", a indiqué Mme Abaho.
Selon l'experte, "le plus grand défi est que l'argent n'est pas réellement investi dans le capital humain". Il ne va pas dans les secteurs qui aident à développer les marchés, l'éducation, les services de santé, l'accès à l'eau potable. Pour faire en sorte que les gens bénéficient de ces aspects sociaux.
"Je pense donc que le renflouement ne rapportera pas forcément grand-chose au Ghana", conclut Mme Abaho. Ces institutions financières devraient dire au Ghana de montrer quels changements il va apporter en termes de développement grâce à l'argent, qui aurait dû être payé sous forme de dette.
Libéraliser le marché
La spécialiste estime en outre que la communauté internationale peut également aider les pays en développement "en leur offrant un commerce équitable et un accès aux marchés internationaux". Pour ce faire, "le FMI, la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce ont vraiment besoin d'amener les pays africains et les autres pays en développement autour d'une table ronde pour négocier avec les pays occidentaux, avec les pays scandinaves, avec les pays asiatiques" sur la manière dont les Africains peuvent accéder aux marchés de ces pays.
"Nous insistons sur la libéralisation du marché. Nous insistons pour ouvrir les frontières pour le commerce, alors qu'en réalité les pays développés sont occupés à resserrer les contrôles aux frontières pour protéger leurs industries nationales".
Bref, le renflouement ou l'annulation des dettes "ne garantit aucun changement sur le terrain pour le pays qui a bénéficié d'une telle décision", estime la spécialiste. Mais cela ne veut pas dire qu'ils ne devraient pas faire tout cela. "Mais nous devrions voir où cet argent va réellement", insiste-t-elle.