Le contrat franco-russe sur le retraitement de combustible nucléaire usagé en Russie reste en vigueur parce que Paris ne veut pas "servir la soupe à la Russie" en lui payant une indemnisation, a déclaré la ministre française de la Transition énergétique à la radio BFM Business.
"Nous ne le faisons pas tout simplement parce que le coût de renoncer à ce contrat avec la Russie rapporterait plus de devises à la Russie, compte tenu des sanctions qui sont prévues dans ce contrat, que de le mettre à minima", a affirmé Agnès Pannier-Runacher.
Selon elle, "la France ne dépend pas de la Russie" dans le domaine du nucléaire civil et pourrait se passer des services russes de retraitement d’uranium, mais y renoncer favoriserait bien trop Moscou.
Quid de ce fameux contrat France-Russie?
Moscou et Paris collaborent pour revaloriser les matières nucléaires depuis l’époque de l’URSS. Entre 1972 et 2010, la France a expédié en Sibérie une partie de son uranium de retraitement (URT), issu du combustible usagé de ses centrales, pour lui offrir une seconde vie.
En 2018, le groupe EDF a signé un contrat d'un montant de 600 millions d'euros avec une filiale du groupe russe Rosatom, Tekhsnabexport (Tenex), pour recycler et enrichir de l’URT à l’usine de Seversk, dans la région russe de Tomsk, en Sibérie occidentale.
L’usine de Seversk serait aujourd’hui la seule au monde à pouvoir retraiter le combustible usé des 56 réacteurs nucléaires en France, selon Le Monde.
En mars 2022, le Haut Comité français pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) indiquait qu’EDF avait repris "depuis 2021 l’envoi de lots pour réenrichissement" vers la Russie.
Selon une enquête menée en 2022 par Sputnik, les capacités d’Orano (ex-Areva), acteur majeur français de l’énergie nucléaire, à enrichir l’uranium retraité restent très limitées malgré sa nouvelle usine d’enrichissement à Tricastin. De plus, la production d’uranium enrichi assurée par les Russes s’avère beaucoup moins chère que celle effectuée par Orano