La situation humanitaire à Khartoum est proche de la catastrophe, témoignent auprès de Sputnik des responsables humanitaires.
"En raison des tirs incessants, les équipes de secours locales ne sont pas en mesure de soigner les blessés ni d'enterrer les cadavres. Les cadavres dans les maisons et dans les rues se décomposent déjà, il y a une vraie puanteur dans la ville. Et les survivants qui restent encore dans les maisons se retrouvent sans nourriture ni eau. Beaucoup d'entre eux meurent aussi", avance As-Safi Muhammad, coordinateur des organisations de la société civile.
Le pays a besoin d’un cessez-le-feu d’au minimum 10 jours pour arriver à accomplir toutes les procédures humanitaires, y compris l’ouverture de couloirs pour les civils, insiste-t-il.
"Nous n'avons rien pour les aider"
Des milliers de Soudanais souffrent d'un manque de soins médicaux, même dans les hôpitaux, développe Samah Ali Khamis du comité médical des organisations de la société civile soudanaise. Les médecins et le personnel médical ont quitté la zone de guerre parmi les premiers.
"Nous manquons de presque de tout pour fournir des soins médicaux, pas seulement de médecins. Nous n'avons pas de médicaments vitaux, pas d'antalgiques, pas de poches de transfusion sanguine", explique-t-il, ajoutant que "les gens meurent souvent parce que nous n'avons rien pour les aider".
À l'heure actuelle, seuls 26 hôpitaux fonctionnent au Soudan, et même pas à temps plein à cause du manque de personnel, de médicaments, d’électricité et d’eau, poursuit-il. 72% des hôpitaux locaux sont fermés, selon l'Association soudanaise des médecins. Dès les premiers jours des combats, les usines pharmaceutiques ont été pillées, certaines ont même été bombardées.
Pénurie de produits essentiels
Il est impossible de retirer de l’argent dans le pays, il n’y a pas de carburant, dans les prochains jours, le Soudan pourrait faire face à une pénurie de pain, alerte Mustafa, travailleur humanitaire.
"Le pays avance à une vitesse incroyable au bord du gouffre, la catastrophe humanitaire approche, non pas chaque jour, mais chaque heure. Dans les prochains jours, le pain au Soudan va complètement disparaître. Les biens essentiels sont déjà si chers que la majorité de la population ne peut tout simplement pas se les offrir", explique-t-il.
Le pays a besoin d'une aide humanitaire d’urgence, évoque Ishraka Hamdeen, porte-parole des organisations de la société civile au Soudan.
Aide humanitaire pillée
Les missions onusiennes au Soudan se voient dans l'incapacité de distribuer normalement de l'aide humanitaire, a récemment expliqué Volker Perthes, l'émissaire de l'Onu au Soudan. Selon lui, les entrepôts de plusieurs institutions de l'Onu ont été pillés depuis le déclenchement du conflit militaire le 15 avril.
Plusieurs cessez-le-feu ont été déclarés depuis, sans qu’ils soient respectés entièrement. La dernière en date est censée durer sept jours à compter du 4 mai, et jusqu’au 11 mai.
Les combats ont fait environ 700 morts et plus de 5.000 blessés, selon l'ONG ACLED qui recense les victimes de conflits. Au moins 335.000 personnes ont été déplacées et 115.000 poussées à l'exil. Plusieurs pays évacuent leurs ressortissants.
Le pays est le théâtre d’affrontements violents entre l’armée régulière commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo.