Ce jeudi, cinq ans après le début de la construction de la centrale d’Akkuyu, son réacteur numéro 1 sera chargé en combustible nucléaire. Vladimir Poutine participera en visioconférence à la cérémonie qui sera présidée par Recep Tayyip Erdogan.
Une fois le combustible chargé, la centrale aura le statut de site nucléaire un demi-siècle après les premiers projets turcs de se doter de cette énergie.
Naissance de l’idée
Les premières études de faisabilité et le choix d’un terrain pour la construction d’une centrale nucléaire remontent aux années 1970, époque où la Turquie crée une Direction pour l’énergie électrique en 1970 et un Département de l’énergie atomique en 1972.
Le Département retient trois sites pour la construction d’une centrale, mais s’arrête finalement sur celui de Mersin-Akkuyu au bord de la Méditerranée.
En 1976, le site reçoit une licence de construction d’une centrale nucléaire, mais les travaux ont été suspendus suite à l’accident de Tchernobyl de 1986.
Des appels d’offres mis en échec
La Turquie a lancé quatre appels d’offres pour la construction d’une centrale nucléaire.
Le premier est remporté en 1976 par la société suédoise ASEA Atom qui ne parvient cependant pas à obtenir un crédit extérieur.
Fin 1983, trois autres sociétés entrent en lice. Elles demandent des garanties turques pour des questions financières, mais le gouvernement refuse de les leur accorder et propose le modèle "construis, possède, exploite". Les négociations se soldent par un échec.
Un troisième appel d’offres est lancé en 1998 et finit annulé par le Conseil des ministres, dont le Premier ministre Bülent Ecevit juge inutile le développement de sources d’énergie alternatives.
Début de la coopération avec la Russie
Le 12 mai 2010, la Turquie et la Russie signent un accord de coopération portant sur la construction et l’exploitation d’une centrale qui marque un jalon important sur la voie vers l’accès de la Turquie à sa propre énergie nucléaire.
Le 13 décembre 2010, la création d’une société d’études entame le processus de préparation.
En décembre 2014, le ministère turc de l’Environnement approuve un rapport sur les effets d’une telle centrale nucléaire sur l’environnement. Le 15 juin 2017, une licence pour la production d’énergie électrique est délivrée.
En octobre 2017, l’agence Rosatom reçoit une licence qui lui permet de procéder, dès le mois de décembre, à la construction des ouvrages nécessaires pour ériger des réacteurs nucléaires.
Le 2 avril 2018, le premier réacteur est mis en chantier.
Le lendemain, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan lancent en visioconférence la construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu.
La construction du deuxième réacteur débute le 8 avril 2020 et celle des deux autres, le 10 mars 2021 et le 21 juillet 2022 respectivement.
10% des besoins énergétiques et 6,5 milliards de revenus
La mise en exploitation des quatre réacteurs fournira à la Turquie 10% de ses besoins en énergie électrique.
Après le chargement en combustible du premier réacteur de la centrale, les trois autres seront chargés d’ici fin 2026 à un an d’intervalle pour chacun. La production d’énergie sur le premier réacteur ne commencera cependant que dans 9 ou 12 mois, soit avant mars 2024.
Recep Tayyip Erdogan a souligné que grâce à la mise en exploitation de la centrale d’Akkuyu la Turquie pourrait diminuer les importations de gaz naturel pour la production d’électricité et vendre le gaz de la mer Noire. Selon lui, la centrale fournira à l’économie turque 6,5 milliards de dollars de revenus supplémentaires.