L’accalmie qui a suivi le dernier cessez-le-feu au Soudan pourrait ne pas durer. Le conflit entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) risque en effet de repartir après la trêve, décidée pour permettre l’évacuation des civils via des couloirs humanitaires, affirme à Sputnik Muhammad Salih Rizkalla, chef du Front de résistance soudanais.
Le responsable estime que tous les moyens de pression pour limiter l’escalade ont été épuisés. Il diagnostique l’impuissance de la communauté internationale.
"La confrontation entre l'armée et les FSR deviendra plus dure après l'évacuation des missions diplomatiques du pays. Il n'y a tout simplement plus de moyens de dissuasion pour les deux côtés de la confrontation. Et la communauté mondiale, à son tour, n'aura plus aucun instrument de pression pour arrêter les hostilités", explique-t-il ainsi.
Rivalités politiques
Muhammad Salih Rizkalla met également l’accent sur la rivalité qui oppose les deux principaux protagonistes du conflit. D’un côté Abdel Fattah al-Burhane qui dirige de facto le pays, mais doit composer avec les Janjawid du Darfour, et le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", qui dirige les FSR.
"Le général al-Burhane est sous la pression des groupes armés du Darfour - y compris les Janjawid. Il est né et a grandi au Darfour. Des groupes d'officiers islamiques de l'armée font aussi pression sur lui: ils ne sont pas satisfaits que les Janjawid ne fassent toujours pas officiellement partie des formations de l'armée. D'autre part, les FSR dirigées par Hemedti se sont efforcées de marginaliser l'armée, d'insulter ses officiers, devenant une menace pour la sécurité et l'unité du Soudan", explique-t-il.
Le fait que Hemedti est l’ancien bras droit d’al-Burhane n’arrange en rien les choses et les deux hommes semblent décidés à se livrer une guerre sans merci, jusqu’à ce l’une des deux parties soit anéantie.
"Il faut désormais comprendre qu'al-Burkhane et Hemedti feront tout jusqu'à ce que l'un détruise physiquement l'autre. Rien d'autre ne pourra arrêter cet affrontement", déplore ainsi Muhammad Salih Rizkalla.
Les combats entre l’armée et les FSR avaient débuté mi-avril, à Khartoum, où l’aéroport avait notamment été ciblé. L’escalade s’est poursuivie, forçant plusieurs missions diplomatiques à évacuer leur personnel.
Certains observateurs s’interrogent désormais sur le rôle de puissances étrangères dans l’embrasement. Le Royaume-Uni, les États-Unis, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite pourraient être à la manœuvre, déclarait ainsi récemment à Sputnik le politologue soudanais Awad Alla Nawa.