Alors que les candidats se bousculent au portillon des BRICS, la Tunisie étant le dernier en date à avoir montré son intérêt, certains se demandent jusqu’où le groupe pourra bousculer l’hégémonie occidentale.
Les cinq (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont en effet de gros exportateurs de matières premières et sont soumis aux aléas de la devise américaine, dont ils pourraient être tentés de s’éloigner, rappelle à Sputnik l’économiste centrafricain Loïc Molambo Sambi. Mais pour mettre sur pied un modèle alternatif viable, il faudra passer par l’instauration d’une nouvelle monnaie commune.
"Les BRICS ont souvent été touchés par les fluctuations du dollar américain. Vu le poids que représente le groupe dans l’économie mondiale, le marché des BRICS peut défier le dollar si les pays membres s’accordent sur une monnaie unique pour réaliser les opérations internationales", explique ainsi l’expert.
Si aucun terrain d’entente n’est trouvé pour instaurer cette devise unique au sein des BRICS, la dédollarisation pourrait alors emprunter la voie du yuan, déjà de plus en plus utilisé dans les échanges internationaux, affirme encore Loïc Molambo Sambi. La piste des cryptomonnaies décentralisées, comme le Bitcoin ou l’Ethereum, pourrait aussi être explorée.
Des opportunités pour l’Afrique
Dans ce monde en mutation, l’Afrique pourrait avoir des opportunités à saisir, mais les pays du continent devront prendre certaines décisions clefs, explique par ailleurs Loïc Molambo Sambi. Les pays du continent devraient en particulier renforcer leur palette de devises, en nouant de nouveaux partenariats commerciaux avec les pays asiatiques ou d’Amérique latine qui n’utilisent pas le dollar.
"La première étape pour les pays africains est de commencer à diversifier leur portefeuille de devises. Ils doivent être prêts à renforcer leurs échanges commerciaux avec d'autres partenaires, en particulier ceux qui utilisent des devises autres que le dollar américain", explique ainsi l’économiste.
Un renforcement du secteur bancaire est également nécessaire pour offrir des financements alternatifs aux entreprises, leur permettant de se protéger contre les fluctuations des taux de change. Enfin, un travail commun sur une monnaie unique africaine pourrait là encore renforcer la place du continent sur l’échiquier économique mondial, affirme Loïc Molambo Sambi.
Le continent a d’ailleurs tenté l’expérience avec l’Eco, censée devenir la devise unique des pays de Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Mais le projet a été plusieurs fois reporté et son lancement ne devrait désormais pas avoir lieu avant 2027.
Même refrain pour la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), qui rencontre elle aussi des problèmes avec son projet de monnaie commune.