On ne met jamais tous ses œufs dans le même panier. C’est sans doute ce qu’a pensé le Kremlin en préparant la visite de Vladimir Poutine dans les nouvelles régions où se déroule l’opération spéciale, pour cette période de Pâques.
Le Président russe s’est en effet rendu dans les régions de Kherson et Lougansk pour saluer les militaires, mais il n’était pas accompagné de son ministre de la Défense Sergueï Choïgou ni du chef d'état-major de l'armée russe Valeri Guerassimov. Un tel regroupement aurait inévitablement attiré les regards de l’ennemi et exposé les responsables russes, a ainsi expliqué le porte-parole du Président russe Dmitri Peskov.
"Il n'est guère conseillé que le commandant suprême, le ministre de la Défense et l'état-major national se réunissent en un seul endroit, pour donner une telle tentation à l'ennemi. Bien sûr, c'est un gros risque", a-t-il ainsi déclaré.
Le responsable a ajouté que Sergueï Choïgou avait participé à la réunion dans la région de Kherson par visioconférence. Vladimir Poutine a pour sa part félicité le personnel militaire à l'occasion de la fête de Pâques, offrant même des copies d’icônes à certains soldats.
Appel au meurtre et "frappe de décapitation"
Ces précautions sont d’autant plus compréhensibles que l’idée de frapper le Président russe et son entourage a refait dernièrement surface. Ce 17 avril, le journaliste américain Fred Kaplan avait ainsi mentionné l’assassinat du chef de l’État, dans un article du quotidien allemand Die Welt. Le journal avait titré sans ambiguïté: "Le moyen le plus simple pour que cela se termine est que quelqu'un tue Poutine".
Fin décembre, une source anonyme du Pentagone avait également parlé de "frappe de décapitation" sur le Kremlin pour mettre fin au conflit en Ukraine. Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, y avait vu une attaque à peine voilée envers le Président russe.
Un climat tendu qui n’a cependant pas empêché Vladimir Poutine d’effectuer plusieurs déplacements ces derniers mois. Le Président russe s’était ainsi rendu à Marioupol pour s’exprimer sur la reconstruction de la ville mi-mars. Le dirigeant russe avait également conduit sur le pont de Crimée rénové en décembre, peu après l’attentat ayant touché la structure.