Le conflit en Ukraine amène l’Otan à armer de plus en plus ouvertement sa frontière est, écrit le New York Times. L’Alliance atlantique est en train de changer sa stratégie envers la Russie, passant d’une dissuasion par représailles à une dissuasion par déni, selon le quotidien américain.
En d’autres termes, l’Otan ne cherchera plus à seulement à mobiliser ses troupes si l’un de ses membres est attaqué, mais veut prendre les devants en massant des troupes le long de sa frontière avec la Russie.
"Dissuader par le déni signifie une révolution en termes pratiques: plus de troupes basées en permanence le long de la frontière russe, plus d'intégration des plans de guerre américains et alliés, plus de dépenses militaires et des exigences plus détaillées pour que les alliés disposent de types spécifiques de forces et équipement pour combattre, si nécessaire, dans des lieux pré-assignés", explique ainsi le New York Times.
L’opération est en outre psychologique, puisqu’il ne s’agit pas seulement d’augmenter les effectifs aux frontières, mais aussi de les rendre plus visibles. L’Otan a ainsi renforcé ses groupements tactiques dans huit pays formant sa frontière orientale avec la Russie ces derniers mois.
Le retour des Américains en Europe
Ce réarmement massif de l’Otan aux frontières russes signe aussi le retour en force des États-Unis sur le continent européen, note le quotidien américain. Le commandant suprême des forces alliées en Europe est désormais Christopher G. Cavoli, qui commande également les forces américaines sur le Vieux continent, note ainsi le New York Times.
"Sous une nouvelle rubrique "dissuader et défendre", le général Cavoli intègre pour la première fois depuis la guerre froide les plans de combat américains et alliés. Les Américains sont de retour au cœur de la défense de l'Europe", a ainsi déclaré une un haut responsable de l’Otan au quotidien, sous couvert d’anonymat.
Le scénario d’une escalade entre l’Otan et la Russie a été évoqué à maintes reprises ces derniers mois. Le Premier ministre polonais avait par exemple récemment affirmé que Moscou serait rapidement vaincu si un tel conflit advenait. Il s’était fait reprendre de volée par l’ancien Président russe Dmitri Medvedev, qui avait affirmé que la Pologne serait la première à disparaître dans pareil cas.
La Finlande a également remis une pièce dans le jukebox, en devenant membre à part entière de l’Otan début avril. Moscou a protesté, y voyant une nouvelle atteinte à la sécurité de la Russie.