Macron et von der Leyen en Chine: une visite pleine de contradictions

Après les récentes déclarations de l’Élysée et de la Commission européenne, la prochaine visite d’Emmanuel Macron et d’Ursula von der Leyen en Chine pourrait envoyer à Pékin des signaux contradictoires. L’analyse de Sputnik.
Sputnik
S’il a proposé à Ursula von der Leyen de l’accompagner lors de son voyage en Chine, c’est pour montrer à Pékin une "voix unie", a déclaré Emmanuel Macron à l’issue d'un sommet européen à Bruxelles le 24 mars.
Or, en réalité, M.Macron et Mme von der Leyen poursuivent des objectifs différents. Selon l’Elysée, le Président français entend discuter des dossiers économiques et rechercher un "espace" de dialogue avec Xi Jinping sur le conflit en Ukraine. Pour Paris, l’objectif de cette visite est d’éviter toute éventuelle "décision funeste" de Pékin visant à soutenir militairement Moscou.

Une nouvelle tentative de Macron

Apparemment, le chef de la cinquième République veut faire pression sur Moscou par l’intermédiaire de la Chine car il a échoué à jouer son rôle de pacificateur au cours de ses plusieurs entretiens téléphoniques avec Vladimir Poutine.
Il y a aussi un aspect économique des relations franco-chinoises. L’Empire du milieu reste quand même le premier partenaire en matière de commerce et d’investissement de l’Union européenne. Ainsi, Emmanuel Macron sera accompagné par une soixantaine de patrons d'entreprises françaises, dont ceux d'Airbus, EDF, Alstom ou Véolia. Des signatures de contrats sont également attendues.

Pékin déçu par Bruxelles

Cependant, la présence de Mme von der Leyen pourrait empêcher le Président français d’atteindre pleinement ses objectifs. La semaine dernière, lors d’un discours à Bruxelles, la présidente de la Commission européenne était assez critique dans ses déclarations vis-à-vis de Pékin. "La Chine est devenue plus répressive en interne et plus agressive à l'extérieur", a-t-elle alors lancé. Parlant du conflit en Ukraine, la représentante a regretté que le Président Xi soit loin "d'être décontenancé" face à l’opération spéciale russe et qu’il maintienne "son amitié ‘sans limite’ avec la Russie de Poutine".
Tout en soulignant que l’Union européenne ne devait pas "se couper de la Chine", elle a pointé des risques de trop grande dépendance, notamment concernant les matières premières. La Chine est donc perçue par Bruxelles comme une menace aux valeurs occidentales et à une stabilité économique de l’Europe. L’ambassadeur chinois auprès de l’Union européenne Fu Cong s’est dit "un peu déçu" par ce discours qui contenait "beaucoup de fausses déclarations et d'interprétations erronées des politiques et des positions chinoises".

Des signaux contradictoires

Dans ce contexte, il n’est pas difficile de supposer que pendant leur visite en Chine, M.Macron et Mme von der Leyen enverront des signaux contradictoires à Pékin. D'un côté, le Président français parlera de l'importance de resserrer les liens économiques, de l'autre, la présidente de la Commission européen n'oubliera certainement pas de souligner l'incompatibilité de la politique chinoise avec les "valeurs communes" de l’Occident.
La Chine, bien sûr, est intéressée par la coopération avec l'Europe. Elle a demandé à plusieurs reprises à Bruxelles de se guider principalement sur les intérêts pragmatiques, plutôt que sur de vagues concepts idéologiques. Mais pour cela, l'Europe doit d'abord définir sa propre politique. C’est seulement dans ce cas que Bruxelles pourra vraiment parler d'une position unifiée et parvenir à des accords concrets avec la Chine.
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