Afrique en marche

La guerre hybride sera la stratégie US pour la prochaine décennie, selon un rapport du Pentagone

Les principes d'un nouveau type de conflits ont été définis par le Pentagone. Les pays africains doivent veiller à ce que leurs vulnérabilités ne soient pas "utilisées comme des points d’appui pour des stratégies de guerres hybrides qui ne manqueront pas de les cibler", avertit dans L’Afrique en marche Alexeï Soloviev, enseignant-chercheur russe.
Sputnik
L’État-Major interarmées des États-Unis a publié le 10 février 2023 sa doctrine du "Concept commun de la compétition stratégique". Ce document, préfacé et signé par le plus haut gradé de l’armée américaine, le général Mark Milley, décline la stratégie et les moyens de guerre hybride, dont la force militaire n’est qu’une partie du dispositif. Cette guerre devrait être déployée par une force combinée interarmées afin d’assurer les intérêts vitaux des États-Unis et pérenniser leur suprématie stratégique sur tous leurs concurrents.
"Ce qui a inspiré cette doctrine américaine, c’est essentiellement la peur, étant donné que la classe dirigeante américaine ne sait plus où elle peut avoir des avantages dans le monde et où elle est plus susceptible de perdre", affirme à Radio Sputnik Afrique le colonel de l’armée russe à la retraite Alexeï Soloviev, philosophe et enseignant-chercheur à l’Université d’État de Moscou (MGU).
Et d’ajouter que "les États-Unis n’ont gagné aucune de leurs guerres après 1945: Corée, Vietnam, Kosovo, Afghanistan, Irak, Libye, Syrie et autres. Actuellement, ils se sont lancés avec leurs alliés en Ukraine contre la Russie, tout en faisant augmenter la pression militaire contre la Chine sur la question de Taïwan. Le tout dans un contexte mondial où leur domination est plus que jamais contestée par la majorité des pays du monde. C’est ainsi, étant conscients qu’ils n’auront jamais les moyens aussi bien humains que matériels de mener la guerre sur plusieurs fronts à la fois, que les stratèges du Pentagone ont mis sur pied cette nouvelle doctrine de la guerre hybride".
L'idée de base de ce concept est que, dans l’environnement international actuel, la concurrence stratégique doit être comprise et menée comme un ensemble complexe d'interactions. La force conjointe interarmées pourrait créer des opportunités concurrentielles en utilisant les capacités militaires pour sonder de manière proactive les systèmes adverses et identifier leurs vulnérabilités. La concurrence serait donc déplacée vers des domaines où les États-Unis peuvent utiliser leurs avantages, leur effet de levier et leur initiative. Et si nécessaire, appliquer la force militaire pour obtenir les résultats stratégiques escomptés.

"Les pays africains devraient accorder une grande importance à leurs vulnérabilités politiques, économiques, sociales et ethniques et engager des réformes et de nouvelles dynamiques sociétales à même de les endiguer, sous peine qu’elles soient utilisées comme des points d’appui pour des stratégies de guerres hybrides qui ne manqueront pas de les cibler", estime l’interlocuteur de L’Afrique en marche.

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