Afrique en marche

Réforme du CS de l’Onu: "L’Afrique devrait avoir 5 sièges dont 2 permanents avec droit de véto"

La seconde guerre du Golfe "était un crime contre le peuple irakien", affirme à L’Afrique en marche Abdelkader Soufi, chercheur en géopolitique et politiques de Défense. Les Nations unies n'ont pas soutenu l'invasion, mais n'ont pas pu l'empêcher non plus. Comme il y a 20 ans, la question de la nécessité de réformer l’Onu se pose aujourd'hui.
Sputnik
Le 9 avril prochain marquera le 20e anniversaire de la chute de Bagdad, résultat de la guerre lancée contre l'Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni. Durant les dix années d’occupation brutale du pays par les troupes américaines et leurs alliées, plus d'un million d’Irakiens ont été tués. En effet, cette invasion a engendré une guerre civile, des millions de personnes déplacées et démunies et un terrorisme qui a englouti tout le Moyen-Orient, débordant également vers de vastes pans de l'Afrique et de l'Asie.

"En réalité, la seconde guerre du Golfe contre l’Irak en mars 2003 était programmée depuis 1998", affirme à Radio Sputnik Afrique Abdelkader Soufi, enseignant-chercheur en géopolitique et politiques de Défense à l’université algérienne de Blida II, soulignant que "c’est l’attaque du 11 septembre 2001 contre les deux tours du World Trade Center à New York qui a servi d’alibi pour lancer cette guerre, dans le seul but de servir les intérêts économiques et géostratégiques des États-Unis".

Et d’ajouter qu’il est "bien entendu que les accusations anglo-américaines contre l’Irak concernant sa détention d’armes de destruction massive et de ses présumés lien avec Al-Qaïda* étaient complètement fausses, et ce de l’aveu des services de renseignement américains eux-mêmes à l’époque. Avec le recul, 20 ans plus tard, il est tout à fait évident que cette guerre était un crime contre le peuple irakien, dont les auteurs auraient dû être jugés dans un tribunal de justice international. Ceci est vrai d’autant plus que le Président George W.Bush et son administration ainsi que Tony Blair ont décidé cette guerre en faisant fi de l’avis de l’Assemblée générale des Nations unies et de son Conseil de sécurité qui a voté contre cette intervention militaire en Irak, en violation du droit international et de la charte de l’Onu".
Pour le chercheur, le fait que "les auteurs de ce désastre humanitaire ne sont toujours pas inquiétés, ni par la justice de leur pays ni par la justice internationale, prouve encore une fois que les institutions et le droit internationaux ne s’appliquent qu’aux pays faibles et dans le seul but de servir les intérêts des grandes puissances occidentales qui les ont façonnés eu lendemain de la Seconde Guerre mondiale".
Dans le contexte d'un monde multipolaire émergent, M.Soufi estime qu’il est "plus que jamais temps de réformer l’Onu et le Conseil de sécurité, dont le fonctionnement hérité de la fin de la Seconde guerre mondiale est complètement obsolète". "Il faut élargir le nombre de pays membres permanents du Conseil de sécurité", affirme-t-il, précisant que "l’Afrique devrait normalement avoir cinq sièges dont deux permanents avec droit de véto". Cependant Abdelkader Soufi ne partage pas l'approche américaine de cette réforme: en acceptant d'élargir le Conseil de sécurité, les États-Unis demandent que le droit de veto soit limité, voire supprimé. "Avoir des sièges permanents au sein de l'Onu, c'est bien, mais sans droit de veto, ça n'a aucun sens", conclut-il.
*Organisation terroriste interdite en Russie.
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